Elizabeth Warren, sénatrice démocrate et porte-étendard de la résistance à Donald Trump, a été réduite au silence, mardi, alors qu'elle lisait au Sénat une lettre de la veuve de Martin Luther King avant la nomination du ministre de la Justice.
La bataille autour de l’approbation des nominations des membres du cabinet de Donald Trump par le Congrès a été émaillée par un nouvel incident, mardi 7 février dans la soirée. La sénatrice démocrate du Massachussets, Elizabeth Warren, a été réduite au silence alors qu’elle intervenait lors du débat sénatorial devant confirmer le sénateur républicain de l’Alabama, Jeff Sessions, au poste de ministre de la Justice.
Jeff Sessions, critiqué pour ses positions très conservatrices concernant les droits des homosexuels, la peine de mort et le droit à l’avortement, a déjà été soumis à un tel processus de nomination. C’était en 1986, pour un poste de juge fédéral et — fait extrêmement rare — la commission Justice du Sénat lui avait refusé cette nomination.
"Entrave au droit de vote des citoyens noirs"
À l’époque, la veuve de Martin Luther King, Coretta Scott King, avait jugé nécessaire d’adresser aux sénateurs une lettre dans laquelle elle accusait Jeff Sessions, alors procureur, d’"entraver le libre exercice du droit de vote des citoyens noirs".
Or c’est au cours de la lecture de cette lettre aux actuels sénateurs qu’Elizabeth Warren a été astreinte au silence, mardi soir. Le leader de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, l’a interrompue, invoquant la règle n°19 du règlement du Sénat dont le deuxième paragraphe stipule qu’"aucun sénateur ne doit attribuer à un ou plusieurs autres sénateurs un comportement ou un dessein indigne d’un sénateur". Une interruption validée par le président de la chambre et suivie par un vote réduisant Elisabeth Warren au silence.
La sénatrice démocrate, connue pour ses positions très fermes à l’égard des dérives de la finance, a donc quitté l’hémicycle pour aller lire la lettre dans les couloirs du Sénat. Soutenue par le hashtag #LetLizSpeak (Laissez Liz parler), sa vidéo a été vue plus de huit millions de fois.
Bien que Sessions ait nié être raciste, il a effectivement avancé, lors de son audition pour la nomination de 1986, que des groupes tels que la l’Association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP) et l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) pourraient être considérés comme "un-American" (opposés aux valeurs américaines). Il a aussi reconnu avoir jugé que le Voting Rights Act de 1965, interdisant les discriminations raciales dans le vote, était un "texte législatif intrusif".