envoyé spécial France 24 à Libreville (Gabon) – Algérie, Côte d'Ivoire, Sénégal, Ghana... Tous ont fini par plier devant la toute puissance des deux géants d'Afrique que sont le Cameroun et l’Égypte. Un duel de revenants en finale de la CAN-2017 qui sent bon l'histoire.
Au coup d'envoi d'une compétition sportive, on distingue deux catégories de prétendants : les favoris du moment et les ténors du continent. À quelques heures de la finale de la CAN-2017, un constat s'impose de lui-même... Les premiers ont rapidement dévissé, et les seconds ont su tirer parfaitement leur épingle du jeu.
Plus de Sénégal, plus d'Algérie, plus de Côte d'Ivoire ni de Ghana... Un à un, l’Égypte et le Cameroun ont écarté les prétendants naturels au sacre et se retrouveront dimanche, à 20 h, sur la pelouse du stade de l'Amitié de Libreville. En jeu, un trophée que les deux sélections ont déjà soulevé à maintes reprises. Les Pharaons sont les maîtres incontestés d'Afrique avec sept étoiles, tandis que le Cameroun, avec ses quatre titres, figure en troisième position des nations les plus souvent couronnées.
Pourtant, il y a trois semaines encore, peu auraient pu prédire un tel "clasico" en finale de cette Coupe d'Afrique des nations 2017. Le Cameroun, notamment, nageait en pleine crise. Le sélectionneur national Hugo Broos venait d'essuyer les refus de pas moins de sept cadres, parmi lesquels le joueur de Liverpool Joël Matip ou encore l'ex-capitaine des Lions indomptables Eric Choupo-Moting. "Si monsieur Hugo Broos continue de cette manière, je ne pense pas que cela marchera avec le Cameroun, parce que les Camerounais sont exigeants", avait en outre asséné la légende Roger Milla en janvier 2016, alors que le technicien belge faisait ses premiers pas avec ses nouveaux joueurs.
Des "sans-grade" promus sur le terrain
Tous ou presque étaient alors prêts à jeter à la poubelle cette "génération sans talent", comme l'appelait sans détour la presse nationale. Elle a sans surprise fait son mea culpa depuis. Car malgré les critiques – et le conflit larvé entre la Fédération et les joueurs au sujet des primes de match – les "sans grade" ont brillé. Dans les cages, Fabrice Ondoa a prouvé qu'à 22 ans tout juste, il avait l'étoffe des plus grands. S'il n'est évidemment pas encore l'égal des Joseph-Antoine Bell et autres Carlos Kameni, il reste une valeur sûre capable de faire basculer le sort d'un match.
#CAN2017 #EGYCMR @ketgorjestani était à l'entraînement du Cameroun à 24h de la finale de la CAN-2017 ! Les Lions indomptables sont sereins ! pic.twitter.com/NZKd3eWtTv
— FRANCE 24 Sports (@SportF24) 5 février 2017Parmi les joueurs de champ aussi, certains ont profité de cette CAN pour élever leur niveau de jeu. Autour du capitaine Benjamin Moukandjo, les Bassogog, Ngadeu et Ndip També ont brillé. Les deux premiers ont même fait parler la poudre en demi-finale et concrétiser la domination effective du Cameroun sur le Ghana (2-0).
Et au soir de la qualification, Hugo Broos, lui, a fort logiquement rendu hommage à ses Lionceaux : "C'est vraiment un groupe de 23 joueurs et pas un groupe de 11. […] On est là maintenant, ce serait pénible si on gâchait cette opportunité. Si on ne gagne pas dimanche, on rentrera la tête haute."
Reste qu'une victoire finale de cette jeune génération de Lions indomptables constituerait un beau pied de nez à l'endroit de tous les pronostiqueurs. Mais si ce Cameroun a renversé contre toute attente le Sénégal puis le Ghana, c'est face à un tout autre adversaire qu'il devra aller chercher sa cinquième étoile.
Retour en grandes pompes pour les Pharaons
À l'autre bout du terrain se dresse désormais l’Égypte. Après trois sacres consécutifs en 2006, 2008 et 2010, la sélection nationale avait totalement disparu des radars alors que le pays sombrait dans la crise politique post-Moubarak. Cette 31e Coupe d'Afrique signait leur grand retour parmi les 16 meilleures nations du continent.
Et si ces Pharaons ont débuté la campagne gabonaise avec beaucoup d'incertitudes, elles ont depuis été balayées par la réalité du terrain. Façonné à l'image de son sélectionneur argentin Hector Raul Cuper, le bloc égyptien a tout d'une équipe moderne : une solidité défensive à toute épreuve (un seul but encaissé), une capacité à se projeter très vite vers l'avant, et un instinct de tueur qui permet à ses meilleurs éléments de faire basculer une rencontre d'un coup de pied.
Le but inscrit par le joueur de l'AS Roma Mohamed Salah en demi-finale en est une parfaite illustration. Alors que les Pharaons peinaient dans le jeu face au Burkina Faso, il a fusillé Hervé Koffi d'un superbe enroulé du pied gauche.
Légendaire El-Hadary
Mais s'il est un élément sur lequel l’Égypte peut s'appuyer à chaque instant, c'est sans conteste son portier Essam El-Hadary. À 44 ans, le mythique gardien des Pharaons – auquel nous avons consacré un portrait tout récemment – accumule records et parades décisives à chaque rencontre. Ses deux dernières interventions en date, lors des tirs aux buts de la demi-finale face aux Étalons, ont même permis aux siens de renverser la tendance d'une séance qui avait pourtant bien mal débuté.
Et c'est justement toute la force des septuples champions d'Afrique : être capables de retourner une situation, aussi mal embarquée soit-elle. Les Lions indomptables, qui ont déjà perdu deux finales face aux Pharaons (1986 et 2008), seraient bien inspirés de s'en souvenir s'ils ne veulent pas repartir du Gabon avec la même frustration que celle qui habite encore le Burkina Faso mais aussi le Maroc, battu en quarts de finale après avoir dominé les débats durant 90 minutes.