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Le mur de Trump ne bloquerait pas seulement les hommes mais aussi les animaux

Le 25 janvier, Donald Trump signait un décret autorisant le lancement de la construction d’un mur entre les États-Unis et le Mexique. Son projet pourrait mettre en danger la biodiversité des régions frontalières.

3 200 kilomètres de long sur 10 à 20 mètres de haut. Le mur que promet d’ériger Donald Trump entre le Mexique et les États-Unis sera, s’il est finalement construit, infranchissable pour les hommes, mais aussi pour les animaux.

Car si le 45e président des États-Unis veut faire de son mur un rempart contre l’immigration illégale et le trafic de drogue, il pourrait aussi avoir de graves conséquences pour la faune locale.

Des jaguars égarés, des familles de cerfs désorientées, des oiseaux coincés dans les grillages... Nombreux sont ceux à avoir aperçu, depuis la signature du Secure Fence Act en 2006, des animaux désemparés devant les 1 046 kilomètres de frontières physiques construits par l’administration de Georges W. Bush.

Le mur de Trump, plus épais, plus haut et plus long, pourrait aggraver les choses. En mai, un rapport affirmait que plus de 100 espèces animales seraient menacées par la construction du mur de Donald Trump.

Un paysage coupé en deux

"Construire un mur serait une grande perte", expliquait Clinton Epps, biologiste à l’université d’Oregon, au magazine Nature en août dernier. "Nous savons que les mouvements naturels sont importants pour la persistance de beaucoup d’espèces."

En coupant en deux le paysage commun au sud-ouest des États-Unis et au nord-ouest du Mexique, le mur contraindrait les animaux à rester d’un côté ou l’autre de la frontière. Or, pour les scientifiques, se mélanger est une condition essentielle à la survie des espèces, en particulier quand elles sont menacées.

#Borderwall and other barriers restrict wildlife from food, water and mates. #NoBanNoWall pic.twitter.com/jU3t26Q5DG

— krista schlyer (@kristaschlyer) 30 janvier 2017

En allant voir ses copains loups de l’autre côté de la frontière, le loup du Mexique, par exemple, améliore sans cesse son patrimoine génétique. Mais selon certains spécialistes, 100 loups gris seraient coincés au nord de la frontière, contre 35 au Sud, menaçant largement la survie du groupe minoritaire.

Même sort pour les antilopes d'Amérique, les ours noirs – réintroduits au Texas dans les années 1990 – ou encore les jaguars, dont un spécimen a été aperçu aux abords du mur en décembre dernier.

AZ's latest jaguar may have skirted border walls (red) and vehicle barriers (yellow) for his photo op and fame! https://t.co/kqbujdj1sH pic.twitter.com/ieDWzK6Q0p

— SC Borderlands (@SC_Borderlands) 8 décembre 2016

Le mur physique, mais pas que

Si les animaux se trouvent nez à nez avec un mur, les barricades physiques sont loin d’être le seul problème. Pour construire un rempart aussi imposant que celui souhaité par Donald Trump, il faut des routes, des camions, des ouvriers, bref, des infrastructures. Autrement dit, un paquet de choses nocives pour les animaux, tant en terme de pollution aérienne que de nuisances sonores et visuelles.

Les plantes, elles aussi, pourraient accuser le coup d’une prolongation du mur entre les États-Unis et le Mexique. "Quand l’eau traverse la frontière, elle unit deux écosystèmes", expliquait la conservatrice du musée sur le désert Arizona-Sonora de Tuscon au magazine Nature. "Si nous stoppons l’eau, cela affecte la nature en profondeur."

À l'annonce du décret de Donald Trump, le président mexicain a fait savoir qu'il ne participerait pas au financement du mur et le Congrès américain doit encore approuver un plan de financement qui reste toujours à définir.

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