
Des députés socialistes revendiquent mardi leur "droit de retrait" de la campagne de Benoît Hamon. Tentés par un ralliement à Macron, plusieurs élus de gauche se détournent désormais ouvertement du candidat investi par le PS.
Le rassemblement invoqué par Benoît Hamon au soir de sa victoire de la primaire de la gauche élargie, dimanche 29 janvier, s'annonce difficile. Deux jours après son investiture, le groupe des Réformateurs de l’Assemblée nationale et du Sénat – l'aile droite du Parti socialiste – a fait savoir, dans une tribune publiée mardi 31 janvier sur le site du Monde, qu'il "ne prendrait pas part à la campagne" du candidat PS.
"À l'issue de cette primaire qui n'a rien résolu, nous sommes confrontés à un cas de conscience inédit : comment porter un projet présidentiel conçu comme l’antithèse d’une action de mandature que nous avons soutenue et dont nous revendiquons les avancées ?", ont écrit Christophe Caresche et Gilles Savary, au nom du Pôle des Réformateurs au sein du Parti socialiste.
"Le rassemblement, c'est le respect de tous associé à des actes, ce ne peut être l'obligation, pour chaque socialiste, de se convertir à la 'fronde', ont-ils ajouté. Convaincus que le duel Fillon/Le Pen n'est pas inscrit dans les faits, nous restons fidèles à une ligne politique en phase avec les grands enjeux du temps présent".
L'aile droite du PS s'estime notamment dans l'incapacité de soutenir "un 'projet de société' fondé sur une logique d’assistance généralisée et de dépréciation de la valeur travail". "Nous considérons que ce serait contraire à la culture socialiste qui, historiquement, s’est construite autour de l’amélioration des conditions de travail et du temps du travailleur", ont dénoncé les députés de Paris et de Gironde.
Ils estiment que "poser la 'raréfaction du travail' comme un postulat, c’est faire fausse route". "C’est oublier que si des emplois disparaissent, d’autres vont émerger, grâce aux innovations technologiques ; et c’est passer à côté des termes du vrai défi, celui de la transformation du travail, liée en particulier à la révolution numérique", indiquent-ils. Parmi les signataires de cette tribune figurent 17 députés, dont Alain Calmette, Jean-Louis Gagnaire et François Loncle.
Ce texte pose ainsi la question de l'avenir du parti, dont certains élus ont déjà rallié la candidature concurrente d'Emmanuel Macron. Christophe Caresche et Gilles Savary ont reconnu "des divisions plus profondes que jamais" et ont reconnu "une césure réelle entre deux sensibilités idéologiquement distantes". Réformateur également, le secrétaire d'État chargé du Développement et de la Francophonie, Jean-Marie Le Guen, a affirmé sur France Info mardi 31 janvier ne pas être sûr de voter pour Benoît Hamon.
#Presidentielle2017 Le Guen dit "ne pas être sûr" de voter Hamon #8h30Aphatie pic.twitter.com/Tls701gFm7
— franceinfo (@franceinfo) 31 janvier 2017Cette déclaration n'est pas restée sans réponse : le député de Paris Pascal Cherki, fidèle à Benoît Hamon, a haussé le ton sur Twitter. "Si Jean-Marie Le Guen ne veut pas voter pour le candidat désigné par la primaire, il ne pourra plus être investi par le PS pour les législatives", a-t-il prévenu. Le Parti socialiste avait en effet annoncé, en décembre dernier, que ceux qui soutiendraient Emmanuel Macron perdraient leur investiture pour la députation.
Si @jm_leguen ne veut pas voter pour.le candidat désigné par la primaire il ne pourra plus être investi par le PS aux législatives.
— Pascal Cherki (@pascalcherki) 31 janvier 2017Lundi, Benoît Hamon a obtenu le soutien mesuré de Bernard Cazeneuve, qui a insisté sur la nécessité de rassembler la gauche et les "progressistes" et de défendre le bilan du quinquennat de François Hollande "dont nous avons toutes les raisons d'être fiers". L'ancien ministre de l'Éducation a pour sa part affirmé qu'il ne changerait pas de cap ou de programme, mais qu'il s'enrichirait "des contributions des uns et des autres".