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En Inde, la révision des listes électorales dans l'État du Bihar inquiète les citoyens
La Commission électorale indienne a achevé vendredi la révision en profondeur des listes électorales de l'État du Bihar. Une révision mise en place sans préavis et dans des délais très courts qui génère des inquiétudes. Ses détracteurs affirment notamment qu'elle pourrait priver des millions de personnes de leur droit de vote. Reportage dans l'État le plus pauvre de l'Inde, où des millions de personnes ne disposent pas des documents nécessaires pour prouver leur citoyenneté.

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Des habitants de l'État du Bihar, dans l'est de l'Inde, manifestent leur crainte après la décision de la Commission électorale indienne de réviser soudainement les listes électorales. © capture France 24
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Cela fait plus d'un mois que ces habitants de l'État du Bihar, dans l'est de l'Inde, manifestent leur crainte. Le 24 juin 2025, la Commission électorale indienne a annoncé la révision soudaine des listes électorales. Des millions de personnes risquent l'exclusion.

"Nous n'accepterons pas les atteintes à notre droit démocratique", déclare en hindi cet homme au mégaphone.

L'initiative, appelée "révision intensive spéciale", est une procédure légale, mais elle est rarement mise en œuvre si près des élections. Dans l'État du Bihar, les régionales sont prévues pour la fin de l'année.

Les associations de défense des droits humains doutent qu'un mois ait pu suffire pour vérifier équitablement les documents de citoyenneté des 80 millions d'électeurs.

"La commission électorale indienne aurait dû accorder au moins six mois ou un an afin que ce travail puisse être effectué", explique Sarfaraz, secrétaire de l'association Bihar, Union populaire pour les libertés civiles. "Il y a beaucoup de confusion parmi la population. Les gens ont peur et s'inquiètent que leur nom soit rayé de la liste et qu'ils perdent leur citoyenneté. C'est pourquoi il est si important de s'opposer à cette mesure."

"Pour la première fois, nous assistons à un revirement complet"

Le Bihar est l'État le plus pauvre de l'Inde mais aussi celui qui affiche le taux de migration interne le plus élevé. Nombreux sont ceux qui n'ont pas le temps de s'enregistrer dans les délais. Les communautés marginalisées, qui ne disposent pas de documents, sont les plus touchées.

"J'ai peur parce que je n'ai pas de certificat de naissance, je n'ai pas pu le présenter, donc ils pourraient supprimer mon nom", témoigne Reshmi Devi, résidente de Patna. "Cela aura des répercussions : mes deux fils ne pourront pas faire carrière. Même s'ils font des études, ils ne pourront pas trouver de travail si leurs noms ne sont pas sur la liste. Cela aura un impact sur nos moyens de subsistance."

Selon les experts électoraux, les électeurs indiens n'ont, jusqu'à maintenant, jamais eu à prouver leur citoyenneté. L'un d'eux, Yogendra Yadav, aussi fondateur du parti Swaraj India, affirme que "l'indépendance a donné à chaque Indien le droit de vote. Pour la première fois, nous assistons à un revirement complet." Et de poursuivre : "Nous avons une politique où la Commission électorale, dont le rôle est d'inclure, a désormais pour mission d'exclure."