
Des soldats de l'armée royale thaïlandaise à l'arrière d'un camion de l'armée dans la province frontalière thaïlandaise de Si Sa Ket, le 26 juillet 2025. © LIllian Suwanrumpha, AFP
Le Cambodge et la Thaïlande, qui s'affrontent à cause d'un différend sur le tracé de leur frontière commune, ont accepté de se rencontrer en vue de conclure un cessez-le-feu, a déclaré samedi 26 juillet Donald Trump.
"Ils ont convenu de se rencontrer immédiatement et de trouver rapidement un accord de cessez-le-feu", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social après avoir échangé avec les dirigeants des deux pays.
Donald Trump a salué deux "très bonnes conversations" et dit espérer que les deux voisins "s'entendront pendant encore de nombreuses années".
Plus tôt dans la journée, il avait déclaré s'entretenir avec le Premier ministre du Cambodge, Hun Manet, puis avec le Premier ministre par intérim de Thaïlande, Phumtham Wechayachai, soulignant que les deux parties souhaitaient un "cessez-le-feu immédiat et la PAIX".
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Nouveaux foyers de tension, samedi
Un différend frontalier entre les deux pays couve de longue date et a dégénéré jeudi en affrontements impliquant des avions de combat, des chars, des troupes au sol et l'artillerie. Ces combats ont fait 33 morts de part et d'autre de la frontière.
Le bilan dépasse celui de la précédente série d'affrontements frontaliers majeurs entre les deux pays, qui avaient fait 28 morts entre 2008 et 2011.
Un niveau de violence jamais vu depuis 2011, qui a conduit le Conseil de sécurité de l'ONU à se réunir d'urgence.
Ces affrontements se sont poursuivis samedi avec l'apparition de nouveaux foyers de tension, la Thaïlande et le Cambodge s'accusant mutuellement d'agression tout en appelant à l'ouverture de négociations.
Phumtham Wechayachai, dans un message publié sur Facebook, a par la suite remercié Donald Trump et déclaré que la Thaïlande acceptait "en principe" la mise en place d'un cessez-le-feu mais "aimerait voir une intention sincère du côté cambodgien".
Il a ajouté avoir demandé au président américain "de transmettre à la partie cambodgienne que la Thaïlande souhaite convoquer un dialogue bilatéral dès que possible pour mettre en place des mesures et des procédures en vue du cessez-le-feu et, à terme, une résolution pacifique du conflit".
Des combats ont de nouveau éclaté samedi matin dans la province côtière thaïlandaise de Trat et dans celle de Pursat, au Cambodge, selon les deux parties. Ce nouveau front se situe à plus de 100 km des autres points de friction le long de la frontière disputée.
La Thaïlande a annoncé la mort de sept soldats et 13 civils. Le Cambodge a pour sa part dénombré cinq morts parmi les soldats et huit parmi les civils, selon la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, Maly Socheata.
"Quand tout sera terminé et que la paix sera proche, j'ai hâte de conclure nos accords commerciaux avec les deux pays !", a écrit le président américain, affirmant que les deux pays souhaitaient revenir à "la table des négociations commerciales", en référence aux discussions engagées par les Etats-Unis après ses annonces de droits de douane massifs.
Les ambassades de Thaïlande et du Cambodge à Washington n'ont pas répondu dans l'immédiat à des demandes de commentaires.
"L'armée a besoin d'achever ses opérations"
Dans la province thaïlandaise de Sisaket, un campus universitaire a été transformé en centre d'hébergement temporaire. Une volontaire a indiqué que plus de 5 000 personnes y étaient accueillies.
À Kuala Lumpur, le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, président en exercice de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), a déclaré vouloir poursuivre ses efforts en faveur d'un cessez-le-feu. Le Cambodge soutient cette initiative, que la Thaïlande dit approuver "sur le principe".
L'ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, une personnalité influente dans le royaume, s'est rendu samedi dans plusieurs abris pour y rencontrer des personnes évacuées.
"L'armée a besoin d'achever ses opérations avant que tout dialogue ne puisse avoir lieu", a-t-il lancé devant la presse.
Ces combats constituent une escalade majeure dans le conflit entre le Cambodge et la Thaïlande au sujet de leur frontière commune de 800 kilomètres. Les deux États contestent son tracé, défini à l'époque de l'Indochine française.
Une décision de la Cour internationale de justice des Nations unies en 2013 a réglé le problème pendant plus d'une décennie mais la crise actuelle a éclaté en mai lorsqu'un soldat cambodgien a été tué au cours d'un échange nocturne de tirs dans la zone dite du "Triangle d'émeraude".
Les relations entre Bangkok et Phnom Penh se sont particulièrement détériorées le mois dernier lorsque l'ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen a diffusé l'enregistrement de propos tenus par la cheffe du gouvernement thaïlandais d'alors, Paetongtarn Shinawatra, au sujet du différend frontalier.
Avec AFP et Reuters