
La défenseuse anglaise Leah Williamson et l'attaquante espagnole Aitana Bonmat. © Studio graphique FMM
Un air de déjà vu pour la finale de l'Euro féminin de football. Deux ans après leur confrontation en finale du Mondial, l'Angleterre et l'Espagne seront de nouveau opposés, dimanche 27 juillet, pour décrocher le titre européen.
En 2023, la Roja avait remporté la première Coupe du monde de son histoire face aux Lionesses sur le modeste score de 1-0. La jeunesse, la créativité et le jeu de passes espagnol avaient alors pris le pas sur l'expérience et le flegme des Anglaises, loin de leur sérénité habituelle.
"Je pense que c'était évidemment une énorme déception et que collectivement, nous n'avons probablement pas réalisé notre meilleure performance ce jour-là", s'est rappelé jeudi la milieu de terrain anglaise Keira Walsh en conférence de presse. "Bien sûr, on y réfléchit un peu, mais je pense que pour nous, il faut mettre ça de côté et se concentrer sur le match de dimanche. Nous avons tellement de nouvelles joueuses dans cette équipe, très confiantes et qui apportent tellement de choses, que c'est excitant. Nous devons juste nous concentrer sur le positif", a ajouté la joueuse de Chelsea.
Du côté de la sélection ibérique, l'heure est aussi à la confiance. "Notre rêve était d'atteindre la finale. Nous travaillons chaque jour pour vivre ce genre de moments... Nous n'avons jamais atteint la finale de l'Euro, mais aujourd'hui, nous avons encore une fois écrit l'histoire. Nous allons essayer d'en écrire encore une nouvelle page dimanche", a souligné mercredi l'attaquante et double Ballon d'Or, Aitana Bonmati.
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Accepter Gérer mes choixEn demi-finale, les deux équipes n'ont pourtant pas affiché un visage si serein. Elles ont toutes les deux eu besoin de 120 minutes pour obtenir leur billet pour la finale. Les Anglaises, au bord du précipice, ont renversé les Italiennes 2-1 en prolongation pour s'offrir une chance de décrocher leur deuxième titre européen consécutif. L'Espagne a également eu besoin d'un moment de magie de la double Ballon d'Or Aitana Bonmatí pour s'imposer en prolongation 1-0 face à une équipe allemande résiliente.
Les deux équipes se sont affrontées à deux reprises depuis la fameuse finale de la Coupe du monde, remportant chacune une victoire à l'occasion de la Ligue des Nations en 2025. Jess Park a marqué l'unique but de la victoire 1-0 de l'Angleterre contre l'Espagne en février, et Claudia Pina a inscrit un doublé en seconde période pour permettre à l'Espagne de s'imposer 2-1 en juin. "Nos précédentes confrontations ne comptent pas, car chaque match est une question de moments, le style de jeu change, les équipes évoluent", a toutefois souligné Aitana Bonmatí. "Il y a beaucoup de joueuses que nous avons affrontés à maintes reprises, notamment lors de la Coupe du monde 2023. Nous les connaissons, elles nous connaissent".
Des joueuses anglaises solidaires
L'Espagne et l'Angleterre ne se font aucun cadeau sur le terrain, mais en dehors, elles affichent un profond respect. Il y a deux ans, le triomphe de la Roja à la Coupe du monde avait été entaché par le scandale Luis Rubiales. Le patron de la Fédération espagnole (RFEF) avait embrassé de force et par surprise l'attaquante Jennifer Hermoso devant les caméras du monde entier.
Entre minimisation publique et pressions sur Hermoso, Rubiales avait exclu de démissionner, mais les Espagnoles s'étaient soudées autour de leur coéquipière, refusant de jouer en sélection tant que "des changements profonds" n'auraient pas lieu au sein de la RFEF. Leur mot d'ordre "Se Acabo" ("C'est fini") avait fait le tour du monde, déclenchant des interventions politiques et des manifestations en Espagne. La sélection anglaise avait également apporté son soutien. "Nous sommes toutes avec toi, Jenni Hermoso, et toutes les joueuses de l'équipe espagnole", avaient ainsi écrit les Lionesses dans un communiqué, dénonçant "des actes inacceptables permis par une organisation sexiste et patriarcale".
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Accepter Gérer mes choixQuand Luis Rubiales avait fini par démissionner, puis avait été condamné en février 2025 pour agression sexuelle, la défenseuse anglaise Lucy Bronze avait jugé "incroyablement courageux" le combat des Espagnoles, "des personnes et des joueuses exceptionnelles".
Keira Walsh, qui a disputé 100 matchs avec Barcelone en deux saisons et demie, jouait en Espagne à l'époque et a été témoin de cette affaire. Deux ans après, elle espère que les Espagnoles vont pouvoir vivre un match apaisé : "Je pense que le plus important pour elles, c'est qu'elles puissent profiter de cette finale, sans la polémique qui l'entoure". La joueuse anglaise estime que l'équipe espagnole, composée de nombreuses stars, n'a pas été suffisamment reconnue après son triomphe en Coupe du monde : "En tant que professionnelle, je trouve que c'était décevant. J'ai évidemment beaucoup d'amis dans cette équipe et je pense qu'elles méritaient probablement un peu mieux que ce qu'elles ont eu".
Les cicatrices de l’affaire Rubiales
Deux ans après cette fête gâchée par ce baiser imposé, la Roja rêve d'un doublé historique, pour enfin aller de l'avant. Malgré la condamnation à une amende de 10 800 euros pour agression sexuelle à l'encontre Luis Rubiales, confirmée en appel fin juin, l'affaire reste un "fardeau", selon la double-Ballon d'Or Alexia Putellas.
Ni les multiples démissions et changements structurels au sein de la Fédération réclamés par les joueuses, ni la victoire en Ligue des nations (face à la France), n'ont pour l'instant suffi à l'alléger. Sur le terrain, la sélectionneuse Montse Tomé a choisi de se passer de Jenni Hermoso, meilleure buteuse de l'histoire de la sélection, pour ce qui aurait sûrement été sa dernière compétition internationale à 35 ans.
La sélectionneuse avec qui Jenni Hermoso entretient une relation compliquée a justifié l’absence de l’attaquante par la profusion de joueuses à son poste. Elle peut ainsi compter sur un groupe au talent inégalé, comprenant 11 des 23 championnes du monde en 2023, toujours emmené par les stars du FC Barcelone Aitana Bonmati et Alexia Putellas et la nouvelle joueuse du PSG Olga Carmona.
Avant le début de l'Euro, Jenni Hermoso n'a pas caché sa déception alors qu’elle était invitée sur le plateau de TVE, diffuseur de la compétition en Espagne. "Honnêtement, je préférerais être là, sur le terrain, plutôt qu'assise ici", avait-elle lancé. "D'un côté, je suis totalement sereine et je suis là pour soutenir mes coéquipières, mais il y a des choses qui ne sont ni oubliées ni pardonnées."
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Accepter Gérer mes choixAffaire du baiser forcé : la cour d'appel espagnole confirme la condamnation de Luis Rubiales
Avec AP et AFP