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Washington veut détruire des contraceptifs en Europe, la gauche exhorte Macron à intervenir
Des millions de contraceptifs financés par les États-Unis et stockés en Europe sont menacés de destruction, malgré les demandes de redistribution à des pays en besoin. Une décision idéologique dénoncée par des ONG et des élus de gauche qui demandent à Emmanuel Macron d'intervenir en urgence, ces produits de contraception pouvant être détruits en France.
Cette photographie prise à Courseulles-sur-mer, dans l'ouest de la France, le 7 août 2023, montre un dispositif contraceptif intra-utérin hormonal (DIU) de Mirena. © Lou Benoist, AFP

La décision a été qualifiée par la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF) de "coercition reproductive intentionnelle". Selon des informations du quotidien The Guardian, qui a révélé l'affaire le week-end dernier, les États-Unis prévoient de détruire des produits de contraception féminine – principalement des implants et des stérilets – d'une valeur de près de 10 millions de dollars. Actuellement stockés en Belgique, ils pourraient être incinérés en France.

Les Écologistes ont adressé, samedi 26 juillet, une lettre ouverte à Emmanuel Macron dans laquelle ils lui demandent d'intervenir en urgence pour empêcher une telle destruction, qualifiée par MSF d'"acte irresponsable".

Destinés à "des pays à revenu faible ou intermédiaire dans le cadre des programmes de l'Agence américaine pour le développement international" (Usaid), démantelée par l'administration Trump, "ils sont toujours utilisables et sont activement recherchés par des acteurs de terrain tels que l'UNFPA ou MSI Reproductive Choices, qui se se sont déclarés prêts à les récupérer à leurs frais", peut-on lire dans la lettre signée et partagée publiquement par la cheffe des Verts, Marine Tondelier, ainsi que plusieurs femmes parlementaires.

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"Baisser les aides à la contraception est une honte, détruire des produits déjà fabriqués et financés est encore plus hallucinant", s'est indignée Marine Tondelier auprès de l'AFP.

Cette décision américaine est "un affront aux principes fondamentaux de solidarité, de santé publique et de droits sexuels et reproductifs que la France s'est engagée à défendre", ajoutent les rédacteurs de la lettre ouverte, exhortant Emmanuel Macron à "ne pas se rendre complice, même indirectement, de politiques rétrogrades".

Des offres de reprise et redistribution jusqu'ici déclinées par Washington

"Dans le cadre d'une initiative commune avec la Commission européenne", les Écologistes implorent le chef de l'État à demander la suspension de cette destruction. Ils souhaitent aussi qu'il soutienne "explicitement" les organisations humanitaires qui se sont dites "prêtes à redistribuer ces contraceptifs".

La cheffe des députés La France insoumise (LFI) Mathilde Panot a aussi exhorté Emmanuel Macron et le Premier ministre François Bayrou à "agir pour empêcher cette destruction qui coûtera des vies", dans un message publié sur X. "Ces ressources sont vitales notamment pour les 218 millions de femmes qui n'ont pas accès aux soins contraceptifs", a-t-elle écrit.

Washington veut détruire des contraceptifs en Europe, la gauche exhorte Macron à intervenir
Message posté sur X par la cheffe des députés La France insoumise (LFI) Mathilde Panot à l'attention d'Emmanuel Macron, le 26 juillet 2025. © Capture France 24

Ces affaires interviennent au moment où les Etats-Unis – qui ont par ailleurs récemment reconnu avoir détruit des tonnes de nourriture destinées à des enfants souffrant de malnutrition car cette nourriture était périmée – révisent drastiquement à la baisse leur aide internationale. Le Congrès a supprimé, le 18 juillet 2025, environ 9 milliards de dollars d'aide destinée principalement à l'étranger.

L'administration Trump a également mis fin à l'Usaid, qui a été intégrée au département d'État, en renvoyant des milliers d'employés, et a éliminé une série de programmes favorisant le planning familial ou l'avortement.

Le gouvernement américain s'interdit ainsi de fournir une aide quelconque, directement ou indirectement, à des organisations non gouvernementales étrangères qui pratiquent ou promeuvent activement l'avortement comme méthode de planification familiale.

"La décision du gouvernement américain (...) est un acte délibérément irresponsable et préjudiciable envers les femmes et les filles du monde entier", a déclaré Avril Benoît, qui dirige la branche américaine de l'ONG Médecins sans Frontières, selon un communiqué.

MSF souligne que d'autres organisations ont proposé de prendre en charge les frais d'expédition et de distribution de ces fournitures, "mais le gouvernement américain a décliné ces offres".

"Nous exhortons l'administration américaine à mettre immédiatement fin à cette destruction insensée" et "nous interpellons l'entreprise française qui serait chargée de détruire ces contraceptifs", ajoutent-ils. Ils l'appellent à refuser cet "accord commercial", les "droits sexuels et reproductifs" n'étant pas "une marchandise comme les autres".

"Ce que l'administration Trump prévoit de faire avec ces produits, même s'ils sont loin d'avoir atteint leur date d'expiration, c'est de les incinérer tous", a déploré pour sa part la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen interrogée sur la radio britannique BBC. Elle a parlé d'un acte contraire "aux valeurs des États-Unis",  "tout simplement du gaspillage". Elle a dit avoir introduit une proposition de législation pour empêcher leur destruction.

Avec AFP