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Les jeunes se sont mobilisés pour Benoît Hamon, et ont sans doute été proportionnellement plus nombreux à se rendre dans les urnes des primaires citoyennes qu’en 2011. Parce que l’ex-ministre de l’Éducation sait leur parler.
On ne les attendait plus au tournant : les jeunes, dont on ne cessait de répéter qu’ils avaient déserté la politique, semblent montrer à nouveau le bout de leur nez, du moins dans les primaires citoyennes remportées par Benoît Hamon.
Les 18-34 ans auraient représenté 27 % des électeurs de la primaire, selon un sondage OpinionWay mené le jour du vote du second tour, soit un chiffre équivalent à leur proportion dans la population française. Un chiffre à prendre avec des pincettes, puisqu’il s’agit d’un sondage en ligne, qui peut gonfler la part des jeunes.
Un autre sondage (Elabe, réalisé par Internet le jour du vote) avance le nombre de 19 % de jeunes de 18 à 34 ans parmi les votants.
"Sociologie du meeting de Hamon : jeune. Très majoritairement jeune"
Toujours est-il que c’est vraisemblablement bien plus qu’au second tour de la primaire de 2011, où la proportion des 18-25 ans était “deux fois moins importante que ce qu’elle représente sur les listes électorales”, analysaient quelques jours après le second tour deux doctorants en sciences politiques.
Benoît Hamon doit sans doute sa victoire aussi à cette mobilisation des jeunes
Un sondage mené par l’institut BVA mi-septembre 2011, soit un mois avant le second tour, faisait état de 13 % d’électeurs potentiels de la primaire âgés de moins de 25 ans, et de 11 % d’électeurs de 25 à 34 ans (à comparer avec la proportion de jeunes au sein du corps électoral : en 2010 les 18-36 ans représentaient 26 % des électeurs, selon l’Insee).
Il faudra attendre de plus amples études électorales pour le confirmer, mais Benoît Hamon doit sans doute sa victoire aussi à cette mobilisation des jeunes. Il a capté 69% du vote des 18-34 ans, selon le sondage OpinionWay, contre 31% pour Manuel Valls. Cette mobilisation s’est dessinée peu avant le premier tour, au moment où sa candidature a commencé à émerger. Deux semaines avant le second tour, les intentions de participation des jeunes étaient plus faibles, à 22 %, selon OpnionWay.
Sans être un spécialiste de sondages, toute personne se baladant dans les meetings du candidat Hamon pouvait constater la très forte proportion de jeunes dans la salle :
Il y a des très très jeunes à cette soirée #Hamon #PrimaireGauche pic.twitter.com/uNJ95G9t4F
— Paul Aveline (@PaulAveline) 29 janvier 2017
Sociologie du meeting de Hamon : jeune. Très majoritairement jeune.
Il va falloir mettre les plus âgés au premier rang. #PrimaireGauche pic.twitter.com/YdAWqXdH34
— Raphaël (@raphaez) 18 janvier 2017
Le public au meeting de Benoît Hamon est assez jeune, peu étonnant quand on sait que la grande majorité du MJS le soutient #PrimaireGauche pic.twitter.com/a1BxZQaRBO
— Parrot Clément (@CParrot) 26 janvier 2017
Il est resté très proche des jeunes militants socialistes
Si Hamon a ce succès chez les jeunes, c’est en partie grâce à son passé de fondateur du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), en 1993. Pendant des années, le jeune militant a inlassablement défendu la cause des étudiants et des jeunes précaires. Celui qui fut délégué national du PS chargé de la jeunesse, puis conseiller de Lionel Jospin sur ces questions, a su convaincre les éléphants du parti de lui donner un coup de jeune. On le voit prêcher sa cause en 1995, lors d’un meeting de Lionel Jospin, où il explique que l’ancien Premier ministre “a tenu à ce que de vrais jeunes, non pas quelques apparatchiks, soient auprès de lui, de vrais jeunes qui partagent les mêmes conditions d’existence que ceux auxquels il s’adresse” :
Benoît Hamon vient de remporter la primaire du PS.
Retour en 1995 lorsqu'il était chauffeur de salle pour Lionel Jospin pic.twitter.com/QMsWTpwBVi
— Ina.fr (@Inafr_officiel) 29 janvier 2017
Il est depuis resté très proche des jeunes militants socialistes, qui lui ont fait un accueil ultra-favorable le 14 janvier dernier, lors du “grand oral” organisé par le mouvement pour tous les candidats à la primaire :
Les jeunes l’aiment, et il le leur rend bien. Dans ses discours, Benoît Hamon n’oubliait jamais de glisser une petite allusion pour les séduire :
Discours de Hamon orienté vers les jeunes. Un tabac auprès des concernés, évidemment. pic.twitter.com/Gh7Hkk59Ts
— Etienne Girard (@girard_etienne) 29 janvier 2017
Benoît Hamon a misé sur ce crédit qu’il a auprès de la jeunesse, avec un programme presque taillé sur mesure pour eux. Sa mesure-phare, le revenu universel, doit d’abord concerner les 18 - 25 ans, qui obtiendraient un revenu mensuel automatique de 600 euros, sans conditions de ressources. Interrogé par Mashable FR, son directeur de campagne avait d’ailleurs reconnu que “certains sujets parlent particulièrement aux jeunes”.
Les quelques curieux de moins de 25 ans que Mashable FR a rencontré à Montreuil, vendredi dernier, pour le dernier meeting du candidat, se sont montrés très enthousiastes et bavards sur le sujet. Alan, 19 ans, trouve ainsi que "le revenu universel permet de penser à autre chose que de toujours travailler”. À ses côtés, Anouck, 19 ans, est convaincue que la mesure va “permettre à des jeunes qui ont des parents qui n'ont pas les moyens de s’en sortir”. “Nous on est des privilégiés et j'ai des copains qui n’ont pas cette chance et doivent bosser", argumente Anouck.
Jeunesse symbolique, humilité et honnêteté
Mais au-delà de ces mesures et propositions concrètes, c’est aussi une jeunesse symbolique qui a plu aux jeunes, et notamment une humilité et une honnêteté, disent-il, qui semble l’apanage des débutants. L'honnêteté était l’un des trois principaux critères cités par ses électeurs. À Montreuil, Alexandra, 24 ans, mettait en avant le côté “accessible, proche des personnes” et ”simple et humain sur les réseaux sociaux” du candidat.
Benoît Hamon s’est aussi imposé comme le “candidat du cool”, auprès d’une certaine jeunesse hipster et bien dans ses Stan Smiths. On a depuis exhumé les interviews qu’il a faites en veste rouge et coupe très années 1980, ou encore son apparition dans le magazine VoxPop, aux côtés, saluer la performance, du groupe Gang of Four.
Toujours dans ce registre de la “jeunesse symbolique”, le fait que Benoît Hamon n’a pas hésité à pratiquer l’autodérision, et à assumer une certaine incertitude et fragilité, a certainement joué en sa faveur auprès de ce public. Comme lorsque le candidat a déclaré au cours du deuxième débat, pour répondre aux attaques sur sa mesure phare du revenu universel, qu’il corrigerait le tir si besoin. Ou lorsqu’il a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il n’était pas un homme providentiel. Ou plus anecdotiquement, mais tout aussi symboliquement, lorsqu’il a avoué avoir perdu deux fois ses lunettes en 48 heures, sans peur de dévoiler sa maladresse, s’attirant la sympathie de ses supporteurs, qui ont même créé un compte Twitter dédié, @LunettesBenoit.
Benoît Hamon, 49 ans sur le papier, mais si jeune dans sa tête, semblent penser ses fans. Cette jeunesse, plus fantasmatique que physique, est un atout considérable dans cette période où tous les représentants du vieux monde – une expression que Benoît Hamon n’a pas hésité à répéter à chacune de ses interventions – se font éliminer les uns après les autres. C’est “la victoire du dégagisme”, comme l’a résumé Jean-Luc Mélenchon, une nouvelle ère dans laquelle il fait bon d’avoir l’air tout frais tout neuf.
Emmanuel Macron truste déjà la catégorie
Dans cette course au juvénil, Benoît Hamon va toutefois avoir un adversaire de taille : Emmanuel Macron, qui a déjà trusté la catégorie. Dans le dernier sondage Kantar Sofres - Onepoint, réalisé les 26 et 27 janvier, juste avant le second tour de la primaire, c’est lui qui rafle la plus forte proportion de moins de 35 ans, certains ou susceptibles d’aller voter pour lui à 46 %, contre 38 % pour Hamon. Sans compter qu’Emmanuel Macron a pour lui une jeunesse réelle, avec 39 années au compteur, dix de moins que son adversaire socialiste. Et que son positionnement “ni droite, ni gauche” séduit une partie des électeurs tentés par le “dégagisme”, lui conférant à lui aussi cette jeunesse symbolique que tous s’efforcent de récolter.
Pas sûr pour autant que l’ex-banquier, ministre de l’Économie de François Hollande et qui a fait ses classes à l’ENA et à l’IEP de Paris, parvienne à s’imposer totalement sur ce terrain symbolique. À voir lequel de ces deux “vrai-faux jeunes”, Benoît Hamon et Emmanuel Macron, parviendra à rafler la mise.
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