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Le président déchu veut rentrer au pays ce dimanche

Le retour de Manuel Zelaya, destitué le 28 juin, n'est pas sans risque, les nouvelles autorités honduriennes l'ayant menacé d'une arrestation immédiate. À Washington, l'Organisation des États américains (OEA) envisage l'exclusion du Honduras.

AFP - Le président destitué du Honduras, Manuel Zelaya, a confirmé samedi qu'il retournerait dimanche dans son pays, avant de participer à l'assemblée générale de l'Organisation des Etats américains (OEA) à Washington.

"Ce dimanche, nous serons à Tegucigalpa", a-t-il déclaré à la chaîne internationale Telesur, basée au Venezuela, affirmant qu'il serait accompagné de "plusieurs présidents et membres de la communauté internationale".

Un tel retour ne serait pas sans risque, car les nouvelles autorités de son pays l'ont menacé d'une arrestation "immédiate". La Conférence épiscopale du Honduras l'a souligné en lui demandant de ne pas rentrer.

Le secrétaire général de l'OEA, Jose Miguel Insulza, a évoqué ces "risques" après une demi-journée passée vendredi à Tegucigalpa, et le président équatorien Rafael Correa en a fait autant, tout en s'affirmant prêt à accompagner M. Zelaya, son allié.

Le président évincé, destitué et chassé du Honduras le 28 juin, a appelé ses partisans à l'accueillir "sans armes". Il a aussi appelé les autorités en place à Tegucigalpa à lui rendre son poste, en les qualifiant de "secte criminelle".

M. Zelaya fait ainsi irruption dans le bras de fer engagé entre l'OEA et le nouveau chef de l'Etat désigné, Roberto Micheletti, qui en a claqué la porte vendredi soir en sachant qu'il risquait fort d'en être exclu.

L'OEA a commencé à débattre samedi à Washington de la possibilité d'exclure le Honduras de ses rangs.

A ce jour, l'organisation n'a écarté qu'un pays: Cuba, suspendu en 1962, et à qui elle vient de rouvrir ses portes.

Après une demi-journée de contacts à Tegucigalpa, M. Insulza avait conclu que la perspective était à la "suspension".

Le président de la Cour suprême du Honduras lui avait annoncé que la destitution du président Manuel Zelaya était "irréversible".

La destitution du président Zelaya est un "coup d'Etat militaire", avait-il tranché, constatant que M. Micheletti et ses amis "n'ont aucune intention de revenir en arrière".

Leur décision de quitter l'OEA "n'a aucun effet juridique", car "ce gouvernement n'existe pas juridiquement pour les 34 pays membres et pour la communauté internationale", a encore commenté M. Insulza dans un entretien à la radio chilienne Cooperativa.

L'arrivée de M. Insulza à Tegucigalpa avait pourtant fait naître l'espoir d'un dialogue, d'autant que M. Micheletti venait de déclarer qu'il n'avait "aucune objection" à l'organisation d'une élection présidentielle anticipée. C'est la proposition que la communauté internationale souhaitait faire passer comme solution possible à la crise.

La présidentielle est normalement prévue le 29 novembre prochain.

M. Zelaya, au pouvoir depuis 2006, a été destitué dimanche après avoir été arrêté par des militaires et expulsé du pays pour avoir tenté d'organiser une consultation populaire sur la possibilité de briguer un second mandat présidentiel, démarche déclarée illégale par la Cour suprême.

M. Micheletti et les siens sont de plus en plus isolés sur la scène internationale, où ils étaient déjà condamnés par l'ONU, l'Union européenne et la plupart des pays d'Amérique centrale. Plus aucun ambassadeur européen n'est en poste à Tegucigalpa.

La Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement (BID) ont confirmé le gel de leurs lignes de crédit. Un total de 300 à 450 millions de dollars d'aide financière internationale sont gelés, selon la ministre des Finances de M. Zelaya, Rebeca Santos.

Le Honduras est écarté des négociations de l'accord de libre échange entre l'UE et les pays d'Amérique centrale, a estimé à Tegucigalpa le rapporteur européen de l'UE chargé du dossier, Willy Meyer, député de la Gauche unie.

Et le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé la suspension de l'envoi de pétrole. Le Honduras bénéficie d'un accord de coopération énergétique avec Caracas, d'où il reçoit la grande majorité de sa consommation.
 

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