Le président français entame une visite de quelques heures en Suède, qui préside l'Union européenne (UE) depuis mercredi. Il doit notamment aborder l'épineuse question de l'élargissement de l'UE avec le Premier ministre Fredrik Reinfeldt.
AFP - Le président français Nicolas Sarkozy effectue vendredi une visite officielle à Stockholm, alors que la Suède prend la présidence de l'Union européenne, un voyage initialement prévu début juin et reporté à la suite de divergences sur la Turquie.
Le président sera accompagné du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner et du nouveau secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche.
Il ne restera que quelques heures sur place mais les discussions avec le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt (centre-droit), s'annoncent intenses, alors que l'UE est toujours plongée dans la crise et que le traité de Lisbonne, censé en améliorer la gouvernance, n'est toujours pas sur les rails.
Sur le plan bilatéral, ce voyage est qualifié d'"important" par les proches de M. Sarkozy, qui précisent que c'est "la première fois depuis neuf ans qu'un président français se rend à Stockholm".
Mais trois jours après le début de la présidence suédoise de l'UE, le programme sera "centré sur des dossiers européens", selon l'Elysée: institutions, changement climatique (préparation du sommet de Copenhague de décembre), régulation du système financier, élargissement de l'Union.
S'il n'y a "pas de divergences" d'approche entre les deux pays sur les trois premiers thèmes, selon l'Elysée, Paris reconnaît un "désaccord radical" sur le quatrième. Il avait été la cause du report, annoncé fin mai, de la visite initialement prévue le 2 juin, officiellement pour raisons de "calendrier". Quelques jours auparavant, le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt avait en effet affirmé au Figaro qu'il fallait "éviter d'arrêter les élargissements", ajoutant que cela valait pour la Turquie.
Or, la France est opposée à l'intégration dans l'UE d'Ankara, à qui elle propose, comme l'Allemagne, un "partenariat privilégié". Selon un de ses proches, le président Sarkozy en avait conclu que dans ce contexte, une visite en Suède était "complètement inopportune".
La France souhaite également que la Suède, plus encline à plaider la cause de l'entrée de l'Islande dans l'UE, "se concentre sur les Balkans occidentaux" en premier lieu la Croatie, dont l'intégration patine à cause d'un différend frontalier avec la Slovénie, puis la Serbie, bloquée par les Pays-Bas dans l'attente de l'arrestation de criminels de guerre recherchés par le tribunal pénal international de La Haye.
Autre sujet de divergence: les déficits. Stockholm plaide pour un retour à la discipline budgétaire, après les centaines de milliards d'euros dépensés pour faire face à la crise. Paris prépare de son côté un "grand emprunt national" pour début 2010.
"La question principale pour la présidence suédoise est la maîtrise des finances publiques" en Europe, a récemment averti le ministre des Finances suédois Anders Borg. "Nous avons la même volonté mais en même temps le président de la République est soucieux de préparer la sortie de crise" afin que la France soit "mieux outillée pour gérer les défis de demain", réplique-t-on à l'Elysée.
D'autres sujets devraient être plus consensuels, comme la coopération en matière de justice, de police, ou d'immigration.