Le procès de 29 policiers, accusés d'avoir refusé de défendre le président Erdogan lors du putsch manqué du 15 juillet, s'est ouvert mardi à Istanbul. Vingt-et-un d'entre eux risquent la prison à perpétuité.
Le premier procès à Istanbul de participants présumés au coup d'État manqué du 15 juillet s'est ouvert mardi 27 décembre. Une vingtaine de policiers comparaissent devant le tribunal de Silivri, à l'ouest d'Istanbul, pour avoir refusé de défendre le président Recep Tayyip Erdogan, la nuit des événements.
Les protagonistes présumés directement impliqués dans le putsch manqué comparaîtront plus tard devant la justice, probablement l'an prochain.
Le procès a démarré avec la lecture par le juge Fikret Demir de l'identité des accusés et des faits qui leurs sont reprochés, a indiqué l'agence de presse pro-gouvernementale Anadolu. Vingt-quatre des suspects sont en détention provisoire, l'un est en fuite et les autres sont sous contrôle judiciaire, selon les médias turcs.

"Nous allons nous assurer que les coupables, dans le cadre de l'état de droit, seront condamnés à la peine la plus lourde", a déclaré Orhan Cagri Bekar, secrétaire général de l'"association du 15 juillet", créée pour défendre les victimes du putsch manqué.
Vingt-et-un des accusés risquent la prison à perpétuité et les huit autres jusqu'à 15 ans d'enfermement. "Aujourd'hui nous attendons des réponses mais aussi des condamnations. Qu'aucun crime ne reste impuni", a poursuivi l'avocat, s'adressant aux journalistes devant la salle d'audience fortement gardée par des agents des forces spéciales.
Plus de 40 000 personnes arrêtées
Il s'agit du procès le plus important depuis le putsch manqué, même si d'autres ont déjà commencé dans plusieurs villes du pays. Après celui d'Istanbul, de nombreux autres procès sont également prévus, notamment le 20 février à Mugla (sud-ouest), où 47 personnes sont accusées d'avoir tenté d'assassiner Erdogan.
Ces procédures sont d'une ampleur sans précédent en Turquie, où 41 000 personnes ont été arrêtées dans des purges engagées après le 15 juillet et l'instauration de l'état d'urgence.
La tentative de coup d'État, qui a fait près de 270 morts et 2 000 blessés, est imputée par Ankara au prédicateur islamiste Fethullah Gülen, installé aux États-Unis et qui rejette fermement ces accusations.
Au-delà des putschistes présumés, les purges engagées après le 15 juillet visent également les milieux pro-kurdes et les médias, ce qui a conduit des ONG à accuser le pouvoir de profiter de l'état d'urgence pour étouffer toute voix critique.
L'ampleur de ces mesures suscite aussi l'inquiétude de l'Occident, notamment de l'Union européenne dont les relations avec la Turquie se sont sensiblement dégradées ces derniers mois.
Le rythme des arrestations ne semble d'ailleurs pas ralentir, le ministère de l'Intérieur ayant annoncé lundi plus de 1 000 arrestations en lien avec l'organisation guléniste au cours de la seule semaine dernière. "Cette vile organisation existe toujours dans les rangs de notre police, tout comme dans notre armée", a déploré le président Erdogan, ajoutant que les partisans de Gülen devaient être éliminés des institutions turques.
Avec AFP