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Assassinat de l'ambassadeur russe : la normalisation des relations Ankara – Moscou pas affectée

Les relations diplomatiques entre la Russie et la Turquie, récemment réconciliés, ne seront pas ébranlées par l'assassinat de l'ambassadeur russe à Ankara, ont affirmé les présidents Poutine et Erdogan lundi soir.

Ils se sont prononcés d'une seule voix. Après l'assassinat de l'ambassadeur de Russie en Turquie, lundi 19 décembre, les présidents Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, dans des déclarations séparées, ont tous deux qualifié l'acte de "provocation" visant à torpiller la normalisation entre les deux pays, entamée en août après une grave crise diplomatique.

Cet assassinat s'est produit alors que depuis plusieurs les relations turco-russes se réchauffent, après une grave crise diplomatique née de la destruction en novembre 2015 par l'aviation turque d'un avion militaire russe au-dessus de la frontière syro-turque.

C'est notamment à la faveur d'un accord de cessez-le-feu parrainé par la Turquie et la Russie que les quartiers de l'est d'Alep, qui étaient tenus par les rebelles, sont peu à peu évacués depuis le 15 décembre.

"Le crime qui a été commis est sans aucun doute une provocation destinée à perturber la normalisation des relations russo-turques et le processus de paix en Syrie auquel contribuent activement la Russie, la Turquie et l'Iran", a déclaré Vladimir Poutine à la télévision russe. "Il peut y avoir seulement une réponse à cela : intensifier la lutte contre le terrorisme et les bandits le sentiront passer", a-t-il ajouté.

"Nous savons qu'il s'agit d'une provocation visant à (...) nuire au processus de normalisation des relations entre la Turquie et la Russie", a affirmé de son côté Recep Tayyip Erdogan lors d'une allocution télévisée, assurant que celles-ci étaient vitales pour la région.

"Ce qui se passe à Alep ne passe pas auprès d'une partie de la population musulmane" turque

Vladimir Poutine a par ailleurs ordonné le renforcement de la sécurité dans toutes les ambassades de Russie à travers le monde et a annoncé que Moscou avait reçu le feu vert du président turc Erdogan pour envoyer des enquêteurs à Ankara.

"Je ne crois pas qu'il y ait de conséquence considérable [sur les relations entre les deux pays], mais sur un plan symbolique, ça montre que ce qui se passe à Alep ne passe pas auprès d'une partie de la population musulmane", a estimé Dominique Moïsi, conseiller spécial de l'Institut Montaigne, un think tank basé à Paris.

Aykan Erdemir, de la Fondation pour la Défense de la démocratie basée à Washington, estime qu'Ankara "marche sur la corde raide en tentant de trouver un modus vivendi avec la Russie en Syrie", alors que les partisans du parti islamo-conservateur au pouvoir, l'AKP, voient d'un mauvais œil le soutien apporté par Moscou au régime du président Assad. "Quand on voit les manifestations à Istanbul contre la Russie et l'Iran et en soutien à Alep, on voit que les partisans zélés de l'AKP y sont", explique-t-il.

L’axe Moscou-Ankara en Syrie ne devrait toutefois pas être ébranlé. Pour preuve, une réunion des ministres turcs, russes et iraniens des Affaires étrangères et de la Défense, programmée mardi 20 décembre à Moscou pour discuter des opérations d'évacuation à Alep, a été maintenue en dépit de la mort de l'ambassadeur.

Avec AFP et Reuters