Le Premier ministre français François Fillon, accompagné d'une délégation de patrons, est attendu aujourd'hui à Bagdad pour une visite d'une journée destinée à signer des accords commerciaux.
AFP - Le Premier ministre François Fillon, accompagné de chefs d'entreprises, est arrivé jeudi à Bagdad pour se lancer à la conquête du vaste marché irakien au lendemain du retrait des forces américaines des villes.
"Les Irakiens ont très envie de se soustraire de la tutelle américaine et c'est pourquoi ils souhaitent faire affaire avec d'autres investisseurs qu'ils connaissent bien, parmi lesquels les Français", a affirmé aux journalistes un responsable au cabinet de M. Fillon.
Le porte-parole du gouvernement irakien Ali al-Dabbagh a confirmé à l'AFP le désir de l'Irak de voir la France jouer un rôle économique de premier plan.
"Notre pays veut que la France soit un partenaire stratégique notamment commercial et le Premier ministre Nouri al-Maliki a affiché sa volonté de voir les relations bilatérales s'accroître notablement", a-t-il ajouté. Cinq lettres d'intention doivent être signées dans les domaines militaire, sécuritaire, commercial, formation.
Selon une source proche de M. Fillon, un accord doit être paraphé entre la Coface française et la Trade Bank of Irak pour protéger les investissements, un autre sur la formation d'ingénieurs dans le secteur routier et enfin la création d'un conseil franco-irakien des chefs d'entreprises présidé du côté français par le patron de Total, Christophe de Marjorie.
Cette visite fait suite à la venue à Bagdad le 10 février du président Nicolas Sarkozy et de celle du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki à Paris le 4 mai.
M. Fillon est venu avec une trentaine de personnes, parmi lesquelles la ministre de l'Economie Christine Lagarde, la patronne du Medef Laurence Parisot, Louis Gallois, patron d'EADS, Bruno Lafont, PDG de Lafarge, Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider, Christophe de Margerie, directeur général de Total, Henri Proglio, PDG de Veolia, Jean-Louis Chaussade, directeur général Suez environnement.
Un responsable du cabinet du Premier ministre a souligné l'enthousiasme des entreprises françaises même si l'inquiétude demeure concernant la sécurité. "Si on avait voulu, nous aurions pu ramener tout le CAC 40 (les plus grosses sociétés françaises côtées à la Bourse de Paris). Personne n'a décliné l'invitation".
Cependant, a-t-il ajouté, "la grande question pour nos entreprises demeure les conditions de sécurité. Cela reste le principal souci des Français".
Les 750.000 policiers et militaires irakiens ont pris le 1er juillet le contrôle des villes alors que les 133.000 soldats américains devraient être cantonnés dans des bases et participer notamment à la formation de leurs collègues irakiens.
Le président d'EADS Louis Gallois a lancé en forme de boutade aux journalistes dans l'avion: "la compagnie irakienne (Iraqi Airways) qui n'a que des Boeing, pour moi c'est une provocation. Nous sommes présents dans tous les pays du Golfe pourquoi pas en Irak".
La présidente du patronat français, Mme Parisot, s'est montrée offensive: "Il faut y aller. Dans le business, il n'y a pas de secret, il faut être présent surtout que depuis un an il y a beaucoup de signes d'une reprise des relations économiques".
M. Fillon a été accueilli par M. Maliki, avec lequel il s'est ensuite entretenu.
Le Premier ministre français devait se rendre dans l'après-midi à Souleimaniyeh, dans le kurdistan irakien, pour y rencontrer le chef de l'Etat Jalal Talabani.