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Droit à l'avortement : François Fillon invite Alain Juppé à relever le débat

Bien décidé à gagner la primaire, Alain Juppé s'est lancé à l'assaut des positions défendues par François Fillon, invitant son adversaire à clarifier ses positions sur l'avortement. Ce dernier s'est dit déçu de voir son ami "tomber aussi bas".

Alain Juppé, arrivé deuxième au premier tour de la primaire, entend combattre son adversaire François Fillon sur le volet social de son programme. Mardi 22 novembre, le maire de Bordeaux a dégainé en appelant son adversaire à "clarifier sa position" sur l'avortement, sur Europe 1. Une attaque qui n'a visiblement pas plu à François Fillon  qui a regretté que son "ami Alain Juppé tombe aussi bas". Et de poursuivre : "Est-ce qu'une seule fois j'ai pris une position contraire à l'avortement ? [...] Que la campagne reprenne sa dignité et qu'on cesse les polémiques qui sont inqualifiables et qui, franchement, abaissent le niveau", a répliqué François Fillon en déplacement à Viry-Châtillon, dans l'Essonne.

François Fillon avait affirmé plus tôt dans son livre "Faire" que "c'était un droit fondamental de la femme. Il est ensuite revenu sur cette déclaration dans un débat qu'il a eu devant un certain nombre de ses supporters. Quelle est sa position ?", a interpellé le maire de Bordeaux.

Le 22 juin, à Aubergenville (Yvelines), lors d'une réunion publique, le député de Paris déclarait : "J'ai écrit [dans mon livre] que l'avortement était un droit fondamental. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ce que je voulais dire, c'est que c'est un droit sur lequel personne ne reviendra. Philosophiquement et compte tenu de ma foi personnelle, je ne peux pas approuver l'avortement".

Le droit fondamental

Le 20 octobre, sur France 2, interrogé sur le sujet, il répondait : "Je n'ai pas à m'expliquer sur mes convictions religieuses. Je suis capable de faire une différence entre ces convictions et l'intérêt général [...]. Bien sûr que non" il n'est pas favorable à une interdiction de l'avortement.

Pour Alain Juppé, mardi, sur Europe 1, "c'est une différence entre nous, je considère que c'est un droit fondamental, il l'a écrit, il est revenu sur cette position, moi je n'ai pas changé d'avis".

Le maire de Bordeaux, longtemps favori dans les sondages pour cette primaire et qui tente désormais de rattraper son retard d'ici au second tour dimanche, a aussi soutenu qu'il était "plus engagé sur la question absolument centrale" de l'égalité hommes-femmes que François Fillon.

Alain Juppé a souligné le soutien apporté par Sens commun, émanation de la Manif pour tous au sein des Républicains, à François Fillon. "Ils ont des positions extrêmement conservatrices et traditionnalistes", a-t-il prévenu.

Le candidat au second tour de la primaire n'a toutefois "pas l'intention de faire une campagne d'affrontement personnel" face à François Fillon, qu'il retrouvera dans un débat de second tour, jeudi, et pour qui il a "de l'amitié et de l'estime".

"Faut pas se déculotter"

Alain Juppé s’en est, par ailleurs, pris au programme économique de son concurrent qu’il juge "trop dur", "pas réaliste", "excessif" là où le sien serait "ambitieux mais réaliste et crédible".

Le projet Fillon "ne se fera pas [...] dans les délais qui sont annoncés", a-t-il accusé, citant les hausses de TVA supérieures aux siennes ou l'augmentation du temps de travail plus rapide des fonctionnaires que souhaite le Sarthois.

Sur les relations internationales, "il faut faire baisser la pression [avec la Russie] mais il y a des points où je suis en désaccord" avec ce pays. "Faut pas se déculotter", a exhorté Alain Juppé.

Alors que son soutien François Bayrou laisse entendre au Figaro mardi qu'il pourrait être candidat face à François Fillon, si Alain Juppé perdait dimanche, le maire de Bordeaux précise : "C'est [son] problème. Il me soutient mais nous n'avons pas conclu de pacte".

Avec AFP