Les Maliens se rendent aux urnes, dimanche, pour des élections municipales au terme d’une campagne qui n’a pas mobilisé les foules. L’organisation du scrutin a notamment été menacée par des groupes jihadistes dans le nord du pays.
Plus de 7,2 millions d’électeurs maliens sont appelés aux urnes, dimanche 20 novembre, pour désigner leurs conseillers municipaux dans un contexte marqué par les critiques de l’opposition, des appels au boycott de l'ex-rébellion du Nord, et des menaces jihadistes.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a néanmoins appelé samedi les différentes parties au Mali à "garantir la tenue, sans incidents" du scrutin là où la situation permet l'organisation des élections municipales.
Malgré la présence d'affiches des candidats et l'organisation de quelques meetings à Bamako, la capitale n'a pas connu d'effervescence particulière pour ce premier scrutin depuis l'élection du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2013, constamment repoussé depuis 2014.
Une campagne morose
La campagne a été encore plus atone dans le nord du pays, selon des correspondants de l'AFP.
Officiellement, seules 15 des 703 communes du pays ne comportent pas de listes, dans les régions de Kidal et Tessalit (nord-est), a indiqué le directeur général de l'Administration territoriale, Allaye Tessougué.
"À Souleye (300 km au nord de Bamako), les jihadistes ont interdit toute campagne. Ils ont interdit l'affichage de portraits de candidats, avec menace d'exécution", a déclaré vendredi à l'AFP Djiguiba Keïta, du Parti pour la renaissance nationale (Parena, opposition), en campagne dans le centre du pays.
Dans le Nord, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion), qui contrôle Kidal, a dénoncé l'organisation du scrutin avant l'installation des autorités intérimaires qui devront gérer les cinq régions septentrionales, en vertu de l'accord de paix signé en mai-juin 2015.
"Cet entêtement du gouvernement, a déploré la CMA, est aussi une violation des droits civiques de dizaines de milliers de réfugiés et déplacés qui sont directement concernés".
Selon le directeur général de l'Administration territoriale au contraire, "les élections n'ont rien à voir avec l'installation des autorités intérimaires", qui interviendra après le scrutin.
Certains groupes de l'ex-rébellion se sont en revanche désolidarisés de la CMA, se félicitant de la tenue de ces élections.
"Comment battre campagne pour recevoir une balle dans la tête ?"
Le chef de l'opposition Soumaïla Cissé, qui était favorable à un nouveau report, a exprimé lors d'une rencontre avec le Premier ministre Modibo Keïta "les graves inquiétudes des populations du nord et du centre du pays face à l'insécurité grandissante qui perturbe sérieusement le bon déroulement de la campagne", selon un communiqué de son parti.
Dans la région de Tombouctou (nord-ouest), où le scrutin doit se tenir dans toutes les communes, des assaillants non identifiés ont attaqué jeudi un véhicule transportant du matériel électoral, qu'ils ont détruit, a-t-on appris auprès d'habitants et d'une source de sécurité locale.
Les auteurs de l'attaque, qui s'est produite à 25 km de Goundam, "ont brûlé le matériel électoral à bord, mais ont libéré le véhicule et ses occupants. Manifestement, ils tiennent à saboter les élections", a affirmé un habitant. Un autre habitant de la région a également exprimé son intention de s'abstenir en raison de l'insécurité.
"Comment battre campagne pour recevoir une balle dans la tête ?", a-t-il déclaré à l'AFP. "Je reste chez moi. Beaucoup de jeunes sont comme moi".
La Mission de l'ONU (Minusma) a apporté un important soutien logistique en transportant un peu plus de 100 tonnes de matériel électoral : urnes, isoloirs, bulletins, listes électorales, d'émargement, a indiqué jeudi le directeur de sa divisions des Affaires électorales, Kacou Assoukpe.
Elle a également assuré les déplacements d'agents et de fonctionnaires électoraux et de candidats, a ajouté M. Assoukpe.
Avec AFP