Les électeurs nicaraguayens étaient appelés aux urnes dimanche pour choisir leur prochain président. Mais en l’absence d’opposition, l’issue du scrutin a toutes les chances d’offrir au chef de l'État sortant, Daniel Ortega, un quatrième mandat.
Pour bien des observateurs, l’élection présidentielle débutée dimanche 6 novembre au Nicaragua a tout d’une farce. L’opposition a d’ailleurs appelé au boycott. En effet, en l'absence d'observateurs internationaux et d'opposition réelle au chef de l'État sortant, Daniel Ortega, le résultat des votes des 3,8 millions d’électeurs nicaraguayens ne fait guère de doute.
Selon les derniers sondages, "El Comandante", qui fêtera ses 71 ans le 11 novembre, recueillerait 69,8 % des intentions de vote, sous la bannière du Front sandiniste de libération nationale (FSLN).
Avec son épouse, Rosario Murillo, femme excentrique de 65 ans qui s'affiche en mère du peuple, ils forment un tandem présidentiel que ses détracteurs comparent à Frank et Claire Underwood, le couple impitoyable de la série "House of Cards", ou qu'ils surnomment "Lord et Lady Macbeth".
"Une démocratie sans démocrates"
Pour Gaspard Estrada, directeur exécutif de l'Opalc, observatoire de Sciences-Po Paris sur l'Amérique latine, "cette élection est organisée dans les pires conditions possibles. Le Nicaragua, c'est une démocratie sans démocrates".
Dans ce pays pauvre d’Amérique centrale, les polémiques au sujet de cette élection ne manquent pas : principaux partis d'opposition écartés, députés récalcitrants destitués et observateurs internationaux rejetés.
Malgré une croissance dynamique, autour de 5 % par an en moyenne depuis 2011, ce pays pourrait voir se tarir le robinet de l'aide internationale, à l'issue de cette élection qui inquiète.
Aux États-Unis, où le département d'État vient d'appeler Managua à des "élections libres, justes et transparentes", le Congrès discute en ce moment du "Nica Act", un projet de loi qui vise à limiter les fonds alloués au Nicaragua par les organismes internationaux, faute de réformes démocratiques.
Déjà président de 1985 à 1990, Daniel Ortega, l'ex-guérillero, est réélu en 2006 et en 2011 face à une opposition divisée. En 2014, il fait modifier la Constitution pour autoriser la réélection sans limitation du président, ce qui lui permet de postuler à un troisième mandat consécutif.
Cette fois, c'est la Cour suprême de justice (CSJ) qui a interdit en juin au leader d'opposition Eduardo Montealegre de représenter le Parti libéral indépendant (PLI, droite), la deuxième force politique de la présidentielle de 2011.
Outre le président et le vice-président, les Nicaraguayens élisent 90 députés et 28 représentants au Parlement centre-américain.
Avec AFP