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Nouveau tour de vis en Turquie : manifestation dispersée, journalistes d'opposition en détention

Une manifestation contre le placement en détention de neuf responsables et journalistes du quotidien d'opposition turc Cumhuriyet a été réprimée par les autorités, samedi, à Istanbul. Quinze quotidiens ont été fermés ces dernières semaines.

La police turque a tiré des gaz lacrymogènes et employé des canons à eau, samedi 5 novembre, pour disperser une foule d'un millier de personnes qui tentaient de gagner à Istanbul le siège du journal laïque Cumhuriyet, dont des cadres et journalistes ont été arrêtés lundi dernier.

Les autorités turques ont ordonné, samedi, le placement en détention de neuf des responsables et des journalistes de ce principal quotidien d'opposition. La veille ce sont plusieurs chefs et élus du principal parti pro-kurde HDP qui ont été arrêtés.

Inquiétude pour la liberté de la presse

Parmi les neufs personnes placées officiellement samedi en détention préventive se trouvent notamment le rédacteur en chef du journal Cumhuriyet, Murat Sabuncu, l'éditorialiste Kadri Gursel ou le dessinateur Musa Kart. Ils faisaient partie d'un groupe de 13 personnes dont l'arrestation en début de semaine a suscité un regain d'inquiétude pour la liberté de la presse en Turquie.

Deux d'entre elles, le chef comptable du journal et son prédécesseur, ont été relâchées. Deux autres, les éditorialistes Hikmet Cetinkaya et Aydin Engin, ont été relâchées sous contrôle judiciaire en raison de leur âge et de problèmes de santé, a précisé l'agence turque Dogan.

Le parquet avait annoncé au moment des arrestations que celles-ci se faisaient dans le cadre d'une enquête pour "activités terroristes" en lien avec le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen – accusé d'avoir ourdi le putsch raté – et avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Cumhuriyet avait quant à lui assuré après ces arrestations qu'il lutterait "jusqu'au bout", dans un pays où la presse a été particulièrement visée par les purges menées depuis le putsch manqué de juillet contre le président Recep Tayyip Erdogan. Quinze quotidiens, magazines et agences de presse, basés pour la plupart dans le sud-est à majorité kurde, ont été fermés ces dernières semaines.

Accès aux réseaux sociaux restreint

Ces interpellations et emprisonnements ont été accueillis avec inquiétude en Occident, qui y voit une nouvelle étape dans les purges menées tous azimuts par le pouvoir depuis le putsch avorté.

La chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, s'est dite "extrêmement inquiète" vendredi après les arrestations des responsables prokurdes. Washington s'est dit "profondément troublé" et a noté plus particulièrement que "restreindre l'accès à Internet sape la confiance dans la démocratie turque et sa prospérité économique". L'accès aux réseaux sociaux et aux messageries est en effet fortement perturbé en Turquie depuis vendredi.

Avec AFP et Reuters