Après dix mois de blocage politique, le Parlement espagnol a fini par accorder sa confiance au conservateur Mariano Rajoy. L'opposition, majoritaire mais désunie, a fait le choix de lui laisser former un nouveau gouvernement.
L’Espagne a enfin un nouveau chef de gouvernement, et c'est le même qu'avant. Au terme de dix mois de crise politique, le Parlement espagnol a renouvelé, samedi 29 octobre, sa confiance au conservateur Mariano Rajoy, permettant de fait au Parti populaire (PP, droite) de continuer à gouverner le pays malgré sa trop courte victoire lors des élections législatives.
Grâce à l'abstention de 68 des 83 députés socialistes - les 15 autres ayant choisi de braver la consigne du parti -, Mariano Rajoy a obtenu la confiance d'une majorité simple des 350 députés espagnols, avec 170 "oui", dont ceux des députés du PP et des centristes de Ciudadanos.
À l'image des milliers de manifestants qui ont défilé samedi devant le Parlement, l'instabilité est susceptible de persister, puisque le gouvernement minoritaire de Mariano Rajoy devra composer avec un Parlement hostile.
Retournement de situation
Mario Rajoy, 61 ans, au pouvoir depuis 2011, partait de loin : il y a dix mois, deux nouveaux partis faisaient leur entrée au Congrès, le libéral Ciudadanos et Podemos, de gauche radicale, tandis que sa formation enregistrait son pire score depuis 1993. Dans son propre camp, miné par les affaires de corruption et usé par une dure crise économique, certains assuraient que sa place était "dans l'opposition".
Mais de nouvelles législatives, organisées le 26 juin après plusieurs mois sans qu'un nouveau gouvernement ne puisse être investi faute d'accord entre les partis, ont permis au PP de gagner 14 sièges supplémentaires, alors que le Parti socialiste (PSOE), concurrencé par Podemos, poursuivait sa descente aux enfers, avec le pire résultat de son histoire (22,7 % des voix).
Depuis, Pedro Sanchez, à la tête du PSOE depuis 2014, a finalement été renversé par les siens, qui craignaient que son véto à Mariano Rajoy n'entraîne encore des élections, les troisièmes en un an, leur faisant perdre encore des voix.
La législature de quatre ans qui attend Mariano Rajoy ne sera cependant pas simple car jamais un parti au pouvoir en Espagne n'avait disposé d'aussi peu de soutiens au Congrès : 137 sièges seulement sur 350. On s'attend "à une législature plus turbulente que n'importe quelle autre", a estimé le professeur de sciences politiques Pablo Simon.
Avec AFP