
Le président Donald Trump dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 25 septembre 2025. © Alex Brandon, AP
Huit mois après le début de son deuxième mandat, Donald Trump tient sa promesse de faire de la vengeance politique un élément central de sa présidence. L'inculpation, jeudi 25 septembre, de James Comey, ancien patron du FBI, marque une nouvelle escalade dans l'instrumentalisation du ministère de la Justice par le président américain pour se venger de ceux ayant enquêté contre lui ou l'ayant critiqué. Retour en images sur les personnalités avec lesquelles le milliardaire semble décidé à régler ses comptes.
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James Comey, ancien directeur du FBI

L'inculpation de James Comey intervient moins d'une semaine après la démission d'Erik Siebert, le procureur chargé de l'affaire. Frustré de la lenteur de la justice, le président américain a placé une proche, Lindsey Halligan, pour accélérer la procédure. Selon la presse américaine, son prédécesseur refusait d'inculper l'ancien patron du FBI mais aussi Letitia James, la procureure générale de New York, en raison de la faiblesse des deux dossiers.
Limogé en 2017, l'ancien chef de la police fédérale, âge de 64 ans, est accusé d'avoir menti au Congrès sur les investigations menées autour des liens de la campagne de Donald Trump avec la Russie. James Comey avait assuré lors d'une audition sénatoriale qu'il n'avait "aucun doute" sur une intervention de Moscou destinée à influencer le résultat du scrutin. Il encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement, selon le ministère de la Justice.
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Letitia James, procureure générale de New York

Il y a quelques jours, le président américain a publiquement réclamé la tête de celle qui l'a fait condamner pour fraude fiscale en 2024. Dans cette affaire, la procureure générale de l’État de New York avait accusé le clan Trump d’avoir gonflé la valeur de ses actifs pour obtenir des prêts plus avantageux auprès des banques et réduire ses impôts. Le milliardaire a finalement échappé en appel à une colossale amende de plusieurs centaines de millions de dollars.
Depuis cet épisode judiciaire, le président Trump entretient une haine farouche contre cette élue démocrate afro-américaine qu'il a qualifiée de "corrompue" et "raciste". En mai, le ministère de la Justice a ouvert une enquête contre Letitia James pour des soupçons d’escroquerie immobilière : la justice lui reproche d’avoir déclaré à tort une propriété de Virginie comme sa résidence principale afin d’obtenir de meilleures conditions de prêt.
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Adam Schiff, sénateur de Californie

Comme Letitia James, le sénateur démocrate est dans le viseur de la justice américaine pour une histoire de fraude hypothécaire : il aurait falsifié des documents concernant des demandes de prêts immobiliers. Visage de la procédure d'impeachment lancée contre Donald Trump en 2019, l'élu démocrate, alors député, a supervisé l'enquête visant à destituer le milliardaire républicain.
Donald Trump avait ensuite été acquitté une première fois par le Sénat, avant de l'être une nouvelle fois en 2021 au terme d'une seconde procédure. Cible régulière des insultes du président américain – "Schiff le sournois" ou "tête de pastèque" –, Adam Schiff figure tout en haut de la liste noire du clan Trump.
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John Brennan, ancien chef de la CIA

Patron de la CIA de 2013 à 2017, sous Barack Obama, John Brennan a réaffirmé à maintes reprises la réalité d’une ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016. Il avait qualifié d'"acte de trahison" l'attitude jugée trop conciliante du milliardaire républicain lors du sommet de 2018 avec Vladimir Poutine en Finlande. Un mois plus tard, le président américain avait révoqué l'habilitation "secret défense" de l'ancien maître espion.
En juillet, plusieurs médias américains ont révélé que John Brennan et James Comey faisaient l'objet d'une enquête pénale pour des actes répréhensibles liés à l'enquête sur les ingérences russes. À l'image de son collègue du FBI, la justice pourrait l'inculper pour de supposées fausses déclarations au Congrès.
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John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale

L’ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l'ONU et conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump est lui aussi dans le viseur de la justice américaine. Considéré comme un ennemi du clan Trump depuis la publication d'un livre en 2020 décrivant le milliardaire républicain comme inapte à diriger la première puissance mondiale, John Bolton fait figure d'homme à abattre.
Fin août, le FBI a perquisitionné son domicile dans le cadre d’une enquête sur sa gestion de documents classifiés. Selon des documents judiciaires rendus publics le 25 septembre, les agents ont trouvé à cette occasion des documents portant la mention "confidentiel", notamment certains faisant référence aux armes de destruction massive. Le ministère américain de la Justice demande à ce que des poursuites soient rapidement engagées contre lui, malgré les hésitations des procureurs, affirme l'agence Reuters.
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Lisa Cook, gouverneure de la Réserve fédérale

Cette gouverneure de la banque centrale américaine a été révoquée fin août par la Maison Blanche sur des allégations de fraude pour un prêt immobilier personnel. Une affaire qui intervient alors que Donald Trump ne cesse de remettre en cause l’indépendance de la Réserve fédérale, institution dirigée par Jerome Powell.
Mais la manœuvre a échoué. L'ancienne collaboratrice de Barack Obama, qui n'a été inculpée d'aucun crime, a assuré qu'elle allait continuer à exercer ses fonctions de gouverneure de la Fed. Elle a également intenté un procès contre Donald Trump pour avoir tenté de la licencier de manière abusive.
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Jack Smith, ancien procureur spécial

Le procureur spécial Jack Smith a instruit deux procédures fédérales contre Donald Trump pour tentatives illégales d’inverser les résultats de l’élection de 2020 en lien notamment avec l'assaut du Capitole et pour rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.
Il fait actuellement l'objet d'une enquête de l’Office of Special Counsel (OSC), l'agence fédérale chargée des questions d’éthique au sein de l’État fédéral, afin de déterminer si ses investigations ont enfreint la loi Hatch, qui limite les activités politiques des employés fédéraux.
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Miles Taylor et Christopher Krebs, ex-collaborateurs

Miles Taylor, ancien membre du ministère de la Sécurité intérieure (DHS), et Christopher Krebs, ancien directeur de l’agence de cybersécurité américaine (Cisa) sont visés depuis le printemps par une enquête du ministère de la Justice à la demande de Donald Trump.
Le premier, alors en poste au DHS, avait vertement critiqué le président en 2018 dans une tribune anonyme parue dans le New York Times, avant de révéler son identité dans un livre publié après son départ de l'administration. On lui reproche notamment d’avoir "divulgué des informations confidentielles".
La deuxième cible du président républicain, Christopher Krebs, a eu le malheur d'écrire noir sur blanc qu'il n'y avait aucune preuve de fraude lors de l’élection présidentielle remportée par Joe Biden. Il avait été renvoyé par Donald Trump en novembre 2020 après avoir rendu un rapport sur la sécurité du scrutin.
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Chris Christie, ancien gouverneur du New Jersey

Ancien soutien de Donald Trump, Chris Christie n'est pas directement visé par une enquête, mais le président américain l'a menacé en août d'ouvrir une nouvelle procédure au sujet du "Bridgegate", une rocambolesque affaire de vengeance politique.
L’épisode remonte à 2013 et à la campagne de réélection du gouverneur républicain qui, pour se donner une image de modéré, courtise les élus démocrates de son État. Mais devant le refus du maire de Fort Lee de le soutenir, des proches du gouverneur modifient le nombre de voies de circulation sur le pont George-Washington qui relie New York au New Jersey. Résultat : des embouteillages monstres qui vont paralyser la ville de l’édile pendant quatre jours.
En 2017, un tribunal a condamné l’ancienne assistante du gouverneur, Bridget Kelly, et un responsable de l’autorité portuaire, mais Chris Christie, qui a toujours clamé son innocence, a échappé aux poursuites.