Le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, décerné par le Parlement européen, a été attribué, jeudi, à Nadia Murad Basee et Lamiya Aji Bachar, deux Yazidies rescapées de l'EI, dont elles ont été les esclaves sexuelles.
Le prix Sakharov 2016, décerné par le Parlement européen, a été attribué jeudi 27 octobre à Nadia Murad Basee et Lamiya Aji Bachar, deux Yazidies rescapées de l’organisation terroriste État islamique (EI). Ce prix, pour la liberté de l'esprit, créé en 1988, revient à des personnes "qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la lutte pour les droits de l'homme dans le monde", précise l’institution européenne.
Les deux jeunes femmes, originaires du village irakien de Kocho, attaqué par l’EI à l’été 2014, ont fait partie de milliers de jeunes filles et de jeunes femmes enlevées par l’EI et victimes d’esclavage sexuel.
"Un hommage à toutes les femmes victimes de conflits"
Leur nomination pour le Prix Sakharov "rend hommage à toutes les femmes et les filles victimes de conflits, et à toutes les minorités religieuses touchées par des génocides", déclarait avant l’annonce le député démocrate socialiste autrichien Josef Weidenholzer.
En février, Nadia Murad Basee avait livré un témoignage bouleversant sur France 24, évoquant les semaines infernales de sa captivité. Les hommes de l'EI "voulaient nous convertir de force à l’islam, raconte-t-elle. Ils nous forçaient à faire la profession de foi islamique, ils nous apprenaient le Coran, ils nous forçaient à prier avec eux. Il n’y a pas de vie avec Daesh (acronyme usuel pour l’EI, NDLR). Nous n’étions pas en vie. […] De jour comme de nuit, ils venaient nous violer."
Depuis leur calvaire, les deux femmes sont les porte-parole de cette communauté yazidie dont l’ONU estime qu’elle a été victime d’un génocide de la part de l’EI. Nadia Murad, qui a déjà reçu le prix des droits de l'Homme Václav Havel remis par le Conseil de l'Europe, est ainsi devenue en septembre 2016 la première ambassadrice de bonne volonté de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour la dignité des survivants de la traite des personnes. Tandis que Lamiya Aji Bachar "continue d'aider les femmes et les enfants qui ont été victimes d'esclavage et d'atrocités aux mains de l'EI", salue le Parlement européen.