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Emily Blunt n’est pas vraiment à son avantage dans "La Fille du train", et c’est tant mieux

Emily Blunt est à l’affiche du film "La Fille du train", une adaptation du roman de Paula Hawkins, au cinéma le 26 octobre. Elle y est particulièrement convaincante en héroïne alcoolique, dépressive et parano. Mais pas vraiment apprêtée.

"Elle est trop belle pour jouer Rachel." Voilà ce qu’avait déclaré Paula Hawkins, auteure du roman original, à propos d’Emily Blunt qui incarne le rôle principal du film "La Fille du train". L’écrivaine britannique émettait des doutes quant à la crédibilité de l’actrice, trop jolie à son goût pour pouvoir prendre les traits d’une femme alcoolique, dépressive et voyeuriste.

Influencé par ces propos et avec les a priori habituels que suscite une adaptation cinématographique d’un roman à succès, on est allé un peu à reculons voir "La Fille du train". On a eu tort. Et on est sorti de la salle avec l’impression de voir pour la première fois à l’écran cette actrice principale brune ultra-convaincante, une certaine Emily Blunt.

Car oui, Emily Blunt est à peine reconnaissable dans ce film, et c’est tant mieux. Physiquement d’abord (tes prières ont été entendues, Paula Hawkins) : "J’arrivais au travail sans maquillage et ils me faisaient avoir l’air encore pire", raconte Emily Blunt dans une interview au Sun. "Ils m’ajoutaient des rougeurs et des poches. Je portais des lentilles de contact pour que le blanc de mes yeux soit injecté de sang." De quoi porter sur son visage tous les effets néfastes de l’alcool sans en boire une goutte puisqu'elle a appris qu’elle était enceinte pendant ce tournage.

Mais la crédibilité d’Emily Blunt ne tient pas juste à son physique. Exit la sophistiquée Emily du "Diable s’habille en Prada", exit l’insipide Victoria dans "Victoria : les jeunes années d’une reine", cette fois, elle est Rachel Watson, une trentenaire new-yorkaise divorcée, dépressive, brisée et alcoolique, avec un penchant voyeuriste. "Je n’avais encore jamais joué une femme comme Rachel avant. L’alcoolisme est une maladie brutale qui coûte beaucoup aux gens qui souffrent de cette addiction et à leur entourage. Ça a été un vrai challenge de jouer un personnage brisé et complexe", confie-t-elle.

Loin d'un "certain idéal de féminité"

Un rôle pour lequel l’actrice d’origine britannique a "exploré des territoires psychologiques très sombres pour essayer de comprendre" ce que pouvait traverser son personnage sans pour autant tomber dans des émotions caricaturales qui sonnent faux. Alors Emily Blunt joue, avec justesse, une fille du train désagréable et dérangeante. "On voit déjà beaucoup de films avec des héros antipathiques qui agissent mal, et ça passe. C’est plus rare de représenter une femme antipathique et loin d’un certain idéal de féminité", analyse l’actrice qui signe sans doute la meilleure performance de sa carrière.

"Les femmes ne sont pas forcément sympathiques ou intelligentes ou belles ou pleines de compassion (…) Je suis tellement fière d’être dans un film qui met en lumière une femme qui foire tout ce qu’elle fait chaque jour et qui est humaine", avoue Emily Blunt. Parce que oui, il serait peut-être temps de s’avouer qu’on est toutes moches certains jours. Et pas forcément physiquement.

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