
L'opération de reconquête de Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak aux mains du groupe État islamique (EI), progresse plus vite que prévu. En revanche à Kirkouk, l’EI a lancé des attaques-suicides, faisant au moins 22 morts.
Des hommes soupçonnés d'appartenir à l'organisation État islamique (EI) ont attaqué dans la nuit de jeudi 20 à vendredi 21 octobre plusieurs bâtiments, dont une centrale électrique, à Kirkouk, dans le nord de l'Irak. Au moins 22 personnes, dont un journaliste irakien, ont été tuées dans des combats et des attentats-suicides, selon l'AFP. Ces attaques, survenues au cinquième jour de l'offensive à Mossoul, semblent être une tentative de diversion de la part des jihadistes.
Des responsables ont affirmé qu’au moins cinq kamikazes avaient visé dans la nuit plusieurs bâtiments gouvernementaux de Kirkouk, où au moins six policiers irakiens ont été tués. Le quartier général de la police a notamment été visé.
Une centrale électrique en chantier située dans la province du même nom a également été attaquée par trois kamikazes et au moins 16 personnes ont été tuées, dont 12 employés irakiens et quatre techniciens iraniens.
Cette opération a été revendiquée par l'EI dans un communiqué publié sur Internet. Le gouverneur de la province de Kirkouk, Najmeddin Karim, a dit à l'AFP qu'il soupçonnait que des cellules dormantes de l'EI à Kirkouk aient été activées.
Pour Wassim Nasr, journaliste à France 24 spécialiste des réseaux jihadistes, cette hypothèse n’est pas à exclure mais doit être considérée avec précautions. Pour lui, l’EI s’est attaqué à la ville de Kirkouk pour démontrer que l’organisation a encore "les moyens d’attaquer frontalement une ville malgré ce qu’il se passe à Mossoul".

Objectif Bachiqa
Dans le même temps, au quatrième jour de la vaste offensive des forces irakiennes et de la coalition internationale pour reprendre Mossoul aux jihadistes, des combattants kurdes ont lancé vendredi 21 octobre l'assaut sur plusieurs villages tenus par le groupe État islamique (EI) autour de la ville.
Le principal objectif de la dernière avancée kurde est la ville de Bachiqa, au nord-est de Mossoul. "Il s'agit de nettoyer un certain nombre de villages aux alentours et de sécuriser le contrôle de zones stratégiques pour restreindre les mouvements de l'EI", indique un communiqué des peshmerga kurdes.
De leur côté, les forces irakiennes ne sont "qu’à quelques kilomètres de la ville de Qaraqosh, cette grande ville chrétienne qui a été prise par l’organisation de l'État islamique en 2014", explique notre envoyé spécial Jonathan Walsh. "L’armée irakienne, la 9e division blindée, est toute proche d’entrer dans la ville, mais elle n’y est pas encore parvenue pour l’instant", précise-t-il.

L'aide des habitants de Mossoul
Sur place, les forces irakiennes peuvent aussi compter sur l’aide de la population locale, comme l’ont constaté les envoyés spéciaux de France 24. Lors d’une rencontre avec l’un des principaux officiers de l’unité anti-terroriste, nos journalistes ont assisté à une conversation téléphonique entre ce général et un habitant de Mossoul.
"Celui-ci lui a communiqué une information importante. D’après lui, la plupart des combattants étrangers du groupe État islamique auraient fui Mossoul pour la Syrie voisine", décrit l’envoyé spécial Jonathan Walsh depuis l’Irak."Cette information est très difficile à vérifier, mais nous avons entendu de la part de nombreuses sources qu’effectivement de nombreux habitants de Mossoul communiquent avec l’armée irakienne même si cela est compliqué et dangereux".
"Le même général nous a dit que cette situation lui faisait espérer un soulèvement populaire au moment de l’entrée des forces irakiennes dans Mossoul", précise notre journaliste.
Une progression rapide
L'opération de reconquête de Mossoul progresse ainsi "plus vite que prévu", selon le Premier ministre irakien Haïder al-Abadi qui s’est exprimé jeudi par vidéoconférence depuis Bagdad lors d'une réunion internationale à Paris consacrée à Mossoul.
Cette réunion, coprésidée par la France et l'Irak, visait à préparer l'avenir politique de la ville où sont piégées 1,5 million de personnes, faisant craindre une crise humanitaire de grande ampleur et un exode massif des civils.

Avec AFP et Reuters