La Chambre des représentants américaine a adopté, vendredi, un projet de loi destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis. Défendu par le président Barack Obama, il fait l'objet de débats houleux au Congrès.
AFP - Le président américain Barack Obama a remporté vendredi, d'une courte tête, une victoire législative à la Chambre des représentants avec l'adoption d'un vaste projet de loi de lutte contre le réchauffement climatique.
Ce plan, qui est l'une des grandes priorités de M. Obama, a été approuvé par 219 voix contre 212, soit une seule voix de plus que les 218 voix nécessaires à son adoption.
Le projet de loi doit encore être adopté au Sénat où le texte pourrait être prêt à l'automne prochain.
M. Obama s'était livré ces dernières heures à une course contre la montre pour tenter de convaincre les derniers parlementaires encore hésitants.
Le président qui recevait vendredi la chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré: "J'ai été très impressionné par la prévoyance et l'engagement de l'Allemagne envers l'énergie propre". "Mon espoir est que les Etats-Unis vont égaler cet engagement aujourd'hui".
Le texte de plus de 1.200 pages vise à réduire les émissions de CO2 tout en créant des emplois verts et en diminuant la dépendance envers les sources d'énergie étrangères.
Pour cela, il prévoit notamment la création d'un marché de droits d'émissions dit "cap and trade". Dans ce système, ces droits seront soit vendus, soit accordés gratuitement pour les industries les plus vulnérables.
Les revenus financeront notamment l'industrie de l'énergie propre.
L'objectif est de parvenir à une réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2020 de 17% par rapport au niveau de 2005.
Le plan prévoit en outre le développement des véhicules électriques et des techniques de capture de CO2.
Les représentants des Etats dépendants du charbon et du pétrole et ceux issus d'Etats producteurs d'éthanol, ont obtenu des concessions, telles que des droits d'émissions accordés gratuitement.
"Ce projet de loi va créer des emplois par millions, économiser de l'argent par milliards et provoquer l'investissement dans l'énergie propre par milliers de milliards", a écrit vendredi Henry Waxman, l'un des auteurs du texte dans un communiqué après le vote.
L'opposition républicaine et certains démocrates se sont opposés au "cap and trade", car ils craignent une hausse des coûts de l'énergie.
Les républicains reprochent également au projet de loi de ne pas développer le secteur de l'énergie nucléaire.
Quarante-quatre démocrates ont voté contre le texte et seulement huit républicains pour.
"Réveille-toi Amérique. Ce qui se passe à la Chambre aujourd'hui est une prise en main du pouvoir qui te laissera les poches vides et sans emplois. Les emplois iront en Chine et l'économie ira en enfer", a dit le représentant républicain Dana Rohrabacher au cours des débats.
L'opposition républicaine a mis en avant une contre-proposition ne contenant pas la solution du "cap and trade". Le texte a été rejeté.
Selon une analyse de l'Agence américaine de l'environnement (EPA) rendue publique cette semaine, la mise en place du projet de loi coûtera 80 à 111 dollars par an aux ménages américains. Pour le Bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme indépendant, ce coût sera de 175 dollars par an.
Le chef de la majorité du Sénat Harry Reid a qualifié vendredi le vote de la Chambre de "pas courageux vers un avenir énergétique plus propre et plus sûr".
Cette victoire devrait renforcer la position de Barack Obama qui se rendra en décembre à la conférence de l'ONU sur le climat à Copenhague.