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Yahoo! accusé d'avoir espionné ses utilisateurs pour le compte de la NSA et du FBI

Yahoo! est accusé d'avoir installé en 2015, sur demande des autorités américaines, un logiciel permettant d'espionner ses utilisateurs.

C'est comme si Snowden et ses révélations sur les pratiques d'espionnage de la NSA n'avaient jamais existé. Depuis 2015, Yahoo! a aidé la NSA et le FBI à surveiller en temps réel les boîtes email de ses utilisateurs, a affirmé l'agence Reuters mardi 4 octobre sur la foi des témoignages de plusieurs anciens employés du géant de l'Internet.

Yahoo! aurait mis au point, dans le plus grand secret, un programme spécial permettant aux espions américains de traquer l'utilisation de certains mots clefs dans les mails envoyés et reçus par 280 millions d'utilisateurs du service de messagerie du célèbre portail dans le monde. Aucune information sur le type de termes qui intéressent la NSA ou le FBI n'a pu être obtenue par Reuters.

Ligne de défense faible

"Yahoo! respecte les lois des États-Unis", s'est borné à affirmer le groupe en réponse à ces accusations. Une ligne de défense jugée un peu faible par les associations américaines de défense des libertés individuelles. "C'est une violation flagrantes du 4e amendement de la Constitution [qui protège les citoyens contre les perquisitions abusives, NDLR]", a dénoncé l'American Civil Liberties Union (ACLU).

Le scandale est d'autant plus important qu'il intervient après l'avalanche de révélations depuis l'été 2013 sur les divers programmes d'espionnage massif de la NSA et de la collaboration éventuelle des géants du Net.

Les documents fournis depuis plus de deux ans à la presse par l'ex-collaborateur de la NSA Edward Snowden ont poussé tous les grands noms de la Silicon Valley à réaffirmer leur attachement à la vie privée sur Internet. Google, Microsoft ou encore Apple ont aussi répété à plusieurs reprises mettre les intérêts de leurs utilisateurs avant ceux des cyberespions américains.

Google et Apple réagissent

La collaboration supposée entre Yahoo! et les autorités américaines risque de réduire à néant les efforts de toutes ces entreprises pour regagner la confiance des internautes. Google et Apple se sont d'ailleurs empressés d'assurer que, de leur côté, ils ne feraient jamais ce dont Yahoo! est soupçonné.

Ces accusations ternissent aussi un peu plus l'image de Yahoo! à un moment charnière de son existence. La PDG du groupe, Marissa Meyer, cherche à céder l'essentiel des activités du portail à l'opérateur téléphonique Verizon, qui s'est déclaré intéressé. Mais les révélations, début septembre, autour du vol historique de données personnelles d'utilisateurs de la messagerie Yahoo! et les soupçons quant à l'éventuelle connivence entre le groupe et la NSA ou le FBI pourraient peser sur la valeur de la marque Yahoo!. Verizon risque d'être beaucoup moins enclin à payer près de cinq milliards de dollars pour acquérir l'ex-star du Web.

Avec Reuters