La police américaine va rendre publiques des vidéos de la mort de Keith Scott, abattu à Charlotte, en Caroline du Nord. sa famille qui avait diffusé sa propre vidéo réclamait la diffusion des images tournées par la police.
"Il vaut mieux pour vous qu’il ne soit pas mort !" Voilà les mots, pleins de colère et de peur, que lance l’épouse de Keith Lamont Scott alors que son mari vient d’être abattu par des agents de police de la ville américaine de Charlotte, en Caroline du Nord, le 20 septembre. Ces propos, qu’elle a enregistrés sur son propre téléphone portable, ont été diffusés vendredi 23 par le New York Times et plusieurs chaînes câblées dont NBC.
Pendant les 2 minutes et 30 secondes de la vidéo fournie par la famille de la victime, on entend la voix d’au moins un officier de police demander plusieurs fois à Scott de "lâcher [son] arme" et celle de sa femme crier qu’il n’en a pas, qu’il est atteint de "lésion cérébrale traumatique". Elle exhorte "Ne lui tirez pas dessus". Une fusillade éclate alors, hors champ, avant que la vidéo ne montre Keith Lamont Scott au sol. À terre, on aperçoit une ombre noire sur certaines images mais absente d'autres, sans qu'on puisse identifier l'objet.
Une arme ou un livre ?
Si ces images émouvantes disent beaucoup du désespoir de l’épouse de Scott, elles sont tournées de trop loin pour que l’on puisse déterminer avec exactitude si la victime brandissait une arme ou non. Le département de police de Charlotte, sous le feu des critiques après la mort de ce Noir Américain de 43 ans, prétend qu’il avait une arme, tandis que des voisins ont affirmé qu’il ne tenait qu’un livre.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des manifestants ont bravé le couvre-feu imposé dans la ville pour une nouvelle fois crier leur colère contre les violences policières et exiger la publication de la vidéo filmée par la police. Ils ont eu gain de cause samedi : le chef de la police de Charlotte a, en effet, annoncé que les deux bandes vidéo de la police allaient être portées à la connaissance du public en indiquant que le lien Internet vers ces vidéos serait diffusé "très prochainement".
Jusqu'à présent, seule la famille de la victime avait eu accès à ces bandes. Le chef de la police, Kerr Putney, refusait jusqu'alors de les rendre publiques "pour ne pas entraver l'enquête", conformément à une loi de l’État de Caroline du Nord, adoptée en juillet, qui empêche les forces de l’ordre de publier ce type d’images sans une injonction judiciaire.
Une loi pour interdire ce genre de diffusion sans ordre judiciaire
Cette loi, qui n’entrera réellement en vigueur que le 1er octobre, vise à éviter que de potentiels témoins ne changent leur version des faits pour qu’elle corresponde aux vidéos policières. Le respect de l’enquête est un motif souvent invoqué pour ne pas rendre publiques les images des interventions menant à la mort des interpellés.
Cela n’a pas empêché le département de police de Tulsa, dans l’Oklahoma, de diffuser les images d’un drame similaire, au cours duquel un Noir non armé a été abattu par une policière blanche, le 16 septembre. La diffusion rapide des vidéos du drame a permis de désamorcer les tensions et de faire rapidement avancer l'enquête : la policière auteure du tir mortel a été inculpée le 22 septembre d'homicide involontaire.
Avec AFP