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Le FBI a reconnu avoir ouvert une enquête il y a deux ans sur Ahmad Khan Rahami, le principal suspect des attentats de New York et du New Jersey. À l'époque, l'agence fédérale n'avait trouvé aucun lien avec le terrorisme.

C’est une information bien embarrassante pour le FBI. Le bureau fédéral a reconnu avoir enquêté dès 2014 sur le cas d’Ahmad Khan Rahami, le principal suspect des attentats de New York et du New Jersey.

Le FBI a été sommé de s’expliquer après les révélations du père de ce jeune homme d'origine afghane. Devant les médias américains, depuis le restaurant familial d'Elizabeth, dans le New Jersey, à 30 km à l'ouest de New York, celui-ci a affirmé mardi 20 septembre qu’il s’était adressé directement aux autorités au sujet de son fils car il se comportait de manière violente : "Il y a deux ans, je me suis rendu auprès du FBI parce que mon fils tournait mal. Pendant deux mois, ils ont fait des vérifications, puis ils ont dit : 'Il est ok, il n’a rien à se reprocher, il n’est pas un terroriste'".

"Aucune indication de liens avec le terrorisme"

Selon le New York Times, Ahmad Khan Rahami aurait eu une altercation en août 2014 avec sa famille au cours de laquelle, il aurait poignardé son frère à la jambe avec un couteau. "Lorsque la police est arrivée, le père de Rahami a dit aux officiers qu’ils avaient des soupçons sur une possible implication de son fils dans le terrorisme", raconte le journal. Le FBI a alors été chargé d’enquêter sur le jeune homme. À plusieurs reprises, les enquêteurs ont interrogé son père, mais ils n’ont jamais rencontré le fils qui était en prison à l’époque.

Après un passage de trois mois en cellule, le futur suspect des attentats de New York n’a finalement pas été poursuivi pour cette agression sur son frère. Il n’a pas non plus été inquiété par le bureau d’enquête fédéral. Après "avoir consulté ses bases de données, fait des vérifications administratives et mené des interrogatoires", le FBI n’a "trouvé aucune indication de liens avec le terrorisme".

Pour le New York Times, cette situation illustre "les défis auxquels doit faire face le FBI lorsqu’il est sollicité par la population au sujet de personnes qui pourraient susciter une menace". Les enquêteurs doivent identifier ce qui est crédible "tout en maintenant l’équilibre entre la protection du pays et le fait de ne pas outrepasser leur autorité".

De précédents manquements du FBI

Ce n’est pas la première fois que le FBI se retrouve ainsi pointé du doigt pour des lacunes dans la surveillance de certains individus. Le New York Times rappelle que l’un des auteurs des attentats de Boston, Tamerlan Tsarnaev, avait été signalé par les autorités russes au FBI en 2011, deux ans avant son passage à l’acte avec son frère lors du marathon de la ville. Mais faute de faits compromettants, la police fédérale avait relâché sa vigilance.

Plus récemment, l’auteur de la fusillade d’Orlando Omar Mateen avait, lui, attiré l'attention du FBI avant de perpétrer son attaque dans une boîte gay en juin. Il "avait tenu des propos inquiétants qui avaient été portés à l’attention des enquêteurs", explique le New York Times. "Il avait raconté à ses collègues qu’il avait des liens familiaux avec Al-Qaïda et qu’il était membre du Hezbollah". Placé sous surveillance pendant 10 mois, Omar Mateem avait été interrogé à deux reprises par le FBI, mais le bureau d’enquête "n’avait trouvé aucune preuve accréditant les déclarations [faites auprès de ses collègues] et ses liens avec le terrorisme".

Dans ses colonnes, le Boston Globe souligne les ressemblances entre ces différentes affaires et le fait que ces hommes ont tous été, à un moment donné, dans le collimateur du FBI. Cité par le journal, Seamus Hugues, directeur adjoint du programme de l'université George Washington sur l'extrémisme, reconnaît que le FBI ne peut pas "poursuivre toutes les personnes qui voyagent à l’étranger et qui reviennent avec des opinions radicales". Mais selon le quotidien du Massachussetts, "les inquiétantes similarités" entre les dernières attaques "pourraient servir de plan pour combattre le terrorisme ou au moins identifier des suspects alors que les autorités ont du mal à dessiner un profil pertinent des terroristes locaux".

La justice fédérale américaine a retenu mardi dix chefs d'inculpation contre Ahmad Khan Rahami, parmi lesquels usage d'armes de destruction massive et attentat à la bombe dans un lieu public. Il pourrait être présenté dès ce mercredi à un juge.