logo

Surpopulation carcérale : Urvoas veut créer 10 000 à 16 000 cellules individuelles

En visite à la maison d’arrêt de Fresnes, Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux, a exposé, mardi, son plan de réduction de la surpopulation carcérale. Il souhaite notamment créer entre 10 000 et 16 000 nouvelles cellules d’ici à 2025.

Pour sa première conférence de presse depuis sa prise de fonction en janvier 2016, Jean-Jacques Urvoas, le garde des Sceaux, s’est frotté mardi 20 septembre à l’épineux dossier de la surpopulation carcérale en France. Depuis la maison d’arrêt de Fresnes, le ministre de la Justice a dévoilé son plan pour améliorer le parc pénitentiaire français avec une mesure phare : la construction de 10 000 à 16 000 cellules supplémentaires dans les dix ans à venir. Le but : "viser 80 % d'encellulement individuel et 20 % de cellules doubles, sur l'ensemble des prisons".

Le garde des Sceaux souhaite ainsi honorer un vieil objectif de politique carcérale inscrit dans la loi depuis 1875 et jamais appliqué : le principe du "un détenu, une cellule". Au 1er juillet, il y avait, en France, 69 000 détenus pour une capacité de 58 000 places, soit 10 000 prisonniers en plus. Dans ces conditions, plus de 1 500 détenus dorment sur des matelas posés au sol. "Il faut construire des cellules, pas de nouvelles places de prison", a déclaré Jean-Jacques Urvoas. "La prison est un lieu où on exerce la peine, ce n’est pas la peine", a-t-il aussi rappelé.

Création de vingt-huit nouveaux "quartiers de préparation à la sortie"

Pour parer au plus urgent, Jean-Jacques Urvoas souhaite créer dès le début de l'année 2017, près de 4 000 cellules là où les "besoins sont cruciaux", en Île-de-France, à Toulouse, et dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pour désengorger les prisons, le ministre propose aussi la création de vingt-huit nouveaux "quartiers de préparation à la sortie" (QPS), avec 2 500 cellules, un dispositif qui aide aussi le détenu à se réinsérer dans la société.

Afin d'engager les premiers travaux de construction, et dans le cadre du projet de loi de finances 2017, le ministre demande 1,1 milliard d'euros pour le début de l'année prochaine.

"Je ne fermerai pas les UD"

Un peu plus tôt mardi, le ministre de la Justice avait reçu les syndicats pénitentiaires, excédés par l’insécurité qui règne sur leur lieu de travail. Manque de moyens, manque de personnel, épuisement… Leur liste de doléances est longue. À la maison d'arrêt de Fresnes, par exemple, 2 600 détenus sont actuellement recensés pour 1 400 places, selon un syndicaliste Force ouvrière (FO) interrogé par BFM-TV.

Reçu dans la matinée sur France Inter, le garde des Sceaux s'est également montré strict sur son plan de lutte contre la radicalisation dans les prisons. Il a refusé de fermer les "unités dédiées" (UD ou UPRA), sorte de programme de déradicalisation mis en place depuis le début de l’année dans cinq centres pénitentiaires français. "Je ne vais pas les fermer. Par principe. Ce sont des expérimentations et nous avons besoin d'avoir de nouvelles pistes d'action pour régler ce problème de la radicalisation en prison", a-t-il déclaré. 

Plusieurs syndicats, dont FO-pénitentiaire, réclament la fermeture des UD depuis la violente agression au couteau de deux de leurs collègues par un détenu ultra-radicalisé à la prison d'Osny (Val d'Oise).

Le ministre a également refusé de créer un "Guantanamo à la française" où tous les détenus incarcérés pour des faits liés au terrorisme seraient regroupés dans un seul établissement spécialisé. "Au Liban, l'année dernière, le régime a mis tous les détenus dans une même prison. Quelques semaines plus tard, l'armée a été appelée pour reprendre le contrôle de l'établissement, car ces détenus avaient proclamé le califat. Je ne veux pas qu'il y ait ce regroupement en France", s’est-il expliqué.