La trêve négociée par les États-Unis et la Russie en Syrie, acceptée par le régime d'Assad, est entrée en vigueur lundi soir. Invitée de France 24, la porte-parole de la Croix-Rouge a détaillé les besoins des populations en Syrie.
La trêve négociée par les États-Unis et la Russie en Syrie, et acceptée par le régime de Bachar el-Assad, entre en vigueur lundi 12 septembre, jour de la fête de l’Aïd. De nombreuses inconnues subsistent toutefois quant à l'application de cet accord, car si Moscou a confirmé dans l'après-midi suspendre ses frappes sur tout le territoire, à l'exception des zones "terroristes", le président Assad lui, s'est dit déterminé à "reprendre" tout le territoire syrien.
Échaudée par les échecs successifs des trêves précédentes, la porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Krista Armstrong, a souligné lors d'un entretien sur France 24 l’importance de l’arrêt des combats. "Sur le terrain, tout dépend de ce qui se concrétise. Il y a eu des promesses, maintenant il faut qu’on voie de l’action, qu’on voie une accalmie et la sécurité pour les équipes [humanitaires], pour traverser les lignes de front et accéder aux populations dans le besoin."
Secourir à travers les lignes de front
Le CICR, comme d’autres ONG, n’a par ailleurs jamais cessé d’œuvrer pour la population, malgré l’absence de trêve, souligne Krista Armstrong. "On continue à travailler même en l’absence de trêve. Depuis le début de l’année on a eu un accès amélioré à certaines zones donc on a pu réaliser 40 opérations à travers des lignes de front."
Mais pour aller plus loin, accéder aux zones de combats plus reculées, il faudra "beaucoup plus de temps" que les 48 heures prévues initialement, estime-t-elle, ainsi que "des garanties sécuritaires de toutes les parties au conflit". Jusqu'à présent, les différentes parties du conflit se sont toujours mutuellement accusées de violations des cessez-le-feu. Par ailleurs, le président syrien Bachar al-Assad, en visite, lundi 12, dans l'ex-fief rebelle de Daraya, près de Damas, a affirmé aux médias officiels vouloir "reprendre aux terroristes toutes les régions" du pays, créant un doute sur la pérennité de la trêve.
Les hôpitaux d'Alep ne peuvent "plus fonctionner"
À Alep, ancienne capitale économique et deuxième ville du pays divisée depuis quatre ans entre quartiers rebelles à l'Est et pro-régime à l'Ouest, les besoins sont particulièrement préoccupants. La ville, qui a par le passé parfois été exclue du champ d’application des trêves, est dans une situation humanitaire catastrophique. Les combats, "très intenses depuis avril [2016] et tout particulièrement depuis juillet", ont fait "d’énormes dégâts sur les infrastructures, les hôpitaux, les structures d’eau et d’assainissement, d’électricité, sans mentionner les maisons des habitants civils", détaille la porte-parole du CICR.
Le secteur médical d’Alep, surchargé et touché par des bombardements, ne peut "plus fonctionner" en l’état. "Il y a des médecins qui travaillent sans relâche pour répondre aux besoins des patients, très nombreux, s’émeut Krista Armstrong. Il faut leur apporter des médicaments."
L'accord stipule d'abord un cessez-le-feu de 48 heures commençant lundi à 19 h (16 h GMT) dans les régions qui ne sont pas aux mains des jihadistes comme le groupe État Islamique (EI). Il préconise un accès humanitaire sans entrave aux zones assiégées, comme Alep, principal front du conflit. Il prévoit pour acheminer l'aide une "démilitarisation" de la route du Castello au nord d'Alep, unique axe de ravitaillement pour les rebelles avant sa prise en juillet par le régime.
Si le cessez-le-feu tient une semaine, Moscou et Washington commenceront de manière inédite des attaques conjointes contre les jihadistes de l'EI et du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra).