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Hollande fait du sauvetage du site de Belfort d'Alstom un "objectif" du gouvernement

Le maintien de l'activité ferroviaire d'Alstom à Belfort est devenu un "objectif" du gouvernement à l'issue d'une réunion de crise à l'Élysée. Mais quelle est la marge de manœuvre de l'État dans ce dossier ?

Sauver les trains de Belfort, telle est la nouvelle bataille de François Hollande. Le président a convoqué, lundi 12 septembre, une réunion de crise à l'issue de laquelle le gouvernement s'est fixé comme "objectif" le maintien de l'activité ferroviaire d'Alstom en Franche-Comté.

En fin de semaine dernière, le groupe français a condamné à la fermeture le site en souffrance de commandes de trains. L'activité doit être relocalisée à l'usine de Reichshoffen, en Alsace en 2018. Cet arrêt de mort met en péril environ 400 emplois. Alstom a assuré qu'il n'y aurait pas de plan social, et qu'il y aurait des propositions de transfert vers d'autres sites du groupe. Mais les syndicats jugent cette solution inacceptable.

Electrochoc politique

L'annonce de cette fermeture a fait l'effet d'un électrochoc, surtout dans le contexte politique actuel – moins d'un an avant la prochaine élection présidentielle. À gauche comme à droite, les responsables se sont succédés dans les médias pour dénoncer cette décision industrielle.

À gauche, tout le monde déplore la décision "brutale et inattendue" d'une entreprise dont l'État est actionnaire minoritaire. L'ex-ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, François Hollande et l'ex-ministre de l'Économie Emmanuel Macron – qui ont tous des vues sur l'élection présidentielle de 2017 – sont, pour l'occasion, sur la même longueur d'onde.

Ils savent que leur camp ne peut se permettre de vivre un traumatisme social sur un site industriel historique comme Belfort, à quelques mois de la présidentielle. Ils gardent en mémoire quelques épisodes catastrophiques pour leur camp, au premier rang desquelles se trouvent les déclarations politiquement maladroites de Lionel Jospin, en 1999, au sujet du plan social à Michelin, qui l'avaient fortement handicapé pendant la campagne présidentielle de 2002. "Il ne faut pas tout attendre de l'État. [...] Je ne crois pas qu'on puisse administrer désormais l'économie. Ce n'est pas par la loi, les textes, qu'on régule l'économie", avait expliqué le Premier ministre d'alors à propos de l'annonce de 7 500 licenciements par Michelin.

Sarkozy contre Macron

La droite s'en souvient aussi. C'est Nicolas Sarkozy qui est monté au créneau pour dénoncer la décision "scandaleuse" d'Alstom, tout en critiquant l'action du gouvernement. L'ancien président s'en est particulièrement pris à Emmanuel Macron. "Entre sa visite au Puy du Fou, les photos de vacances, et sa démission, imaginez ce que doivent penser les ouvriers d’Alstom à qui il avait promis solennellement qu’il les aiderait et qu’il les sauverait. Il est parti. Il n’a rien fait, c’est désolant", a-t-il déclaré.

Reste à savoir ce que l'État, qui ne détient que des droits de vote minoritaire, peut faire pour contrer la décision des dirigeants d'Alstom. Le gouvernement a déjà obligé le PDG du groupe, Alstom Henri Poupart-Lafarge, à respecter une "phase de négociation" pour tenter de trouver une solution.

Les autorités espèrent utiliser ce délai pour dégotter des entreprises prêtes à passer des commandes et aindi remettre l'activité du site franc-comtois sur les rails.

Avec AFP