
Les producteurs de lait ont lancé depuis 24 heures des actions de mobilisation à travers la France afin de faire pression sur le géant laitier Lactalis. Les négociations sur le prix du lait ont repris mardi matin.
Les producteurs de lait ne désarment pas face au géant laitier Lactalis. Épaulés par la FNSEA, premier syndicat agricole, ils ont lancé depuis lundi 29 août des actions devant des sites de l’industriel français et dans des supermarchés pour faire monter la pression. Les négociations entre les organisations de producteurs et Lactalis, sur le prix du lait, ont, elles, repris mardi peu après 07h00 à la préfecture de Mayenne à Laval, a constaté une journaliste de l'AFP.
Après l'échec des négociations entamées à la Maison du Lait à Paris puis à Laval, une troisième rencontre a été initiée entre les deux parties afin de trouver une solution au désaccord tarifaire qui oppose le géant du lait aux producteurs français depuis une semaine.
"Fini de bosser pour rien"
Des actions nationales contre des sites Lactalis ont débuté lundi après-midi et se sont poursuivies dans la nuit de lundi à mardi à l'appel de la FNSEA. Dans le Maine-et-Loire, environ 80 producteurs ont bloqué l'accès du site Lactalis de Saint-Florent-le-Vieil à l'aide de tracteurs et déployé des banderoles proclamant "Lactalis voleur" et "Fini de bosser pour rien".
Des producteurs des cinq départements de la région Pays-de-la-Loire ont prévu de rester "jusqu'à mercredi", a précisé à l'AFP le président régional de la FRSEA, Jean-Paul Goutines.
Dans la Manche, des militants FDSEA et JA ont bloqué le site Lactalis de Sainte-Cécile, avant de faire du "filtrage", ralentissant le passage des poids lourds après la visite d'un huissier, a expliqué à l'AFP Jean-Michel Hamel, secrétaire général régional de la FDSEA.
Dans plusieurs départements dont le Morbihan, des actions ont ciblé des grandes surfaces, où les produits Lactalis ont été retirés des rayons.
Dans le Nord, une soixantaine de producteurs ont manifesté leur mécontentement devant le site Lactalis de Cuincy, près de Douai. "On a mis symboliquement de la paille devant l'entrée pour montrer qu'ils nous mettent sur la paille (...) Il y a le risque que toute la filière laitière française disparaisse", a déclaré Serge Capron, président des producteurs de lait du Pas-de-Calais.
En Haute-Saône, quelque 120 tonnes de fumier ont été répandues aux entrées du site Lactalis de Loulans-Verchamp, endommageant le circuit interne d'acheminement du lait, a indiqué Alexandre Lacroix, directeur régional adjoint de la FDSEA. Une trentaine d'agriculteurs ont pris part à cette action "dans le calme", selon la préfecture.
"Les producteurs de lait ont vraiment la trouille"
Deux sessions de négociations ont échoué la semaine dernière, jeudi à Paris et vendredi à Laval. Lactalis avait dans un premier temps accepté le prix de 280 euros par tonne à partir du 1er septembre, contre 256 euros en juillet, proposé par le médiateur des relations commerciales. Un montant qui se rapprochait des tarifs de la concurrence. Les organisations de producteurs avaient cependant refusé.
Ensuite, l'industriel avait finalement unilatéralement proposé une augmentation de 15 euros par tonne de lait, soit environ 271 euros les 1 000 litres, un geste perçu comme un camouflet par les agriculteurs. "On voit bien que Lactalis a une énorme pression", assure Loïc Guines, évoquant un courrier envoyé aux producteurs la semaine dernière dans lequel l'entreprise menaçait de suspendre la collecte de lait en raison des actions menées contre son site de production de Laval.
"Aujourd'hui les producteurs de lait ont vraiment la trouille", a-t-il assuré. De son côté, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a de nouveau jugé "pas acceptable" que Lactalis soit l'entreprise "qui paye le litre de lait au producteur le moins cher de toutes les laiteries de France", soulignant toutefois ne pas avoir de moyen de pression direct sur l'industriel.
Un producteur sur cinq en France travaille pour Lactalis soit 20 % de la collecte française, ou 5 milliards de litres de lait sur les 25 milliards produits annuellement en France. L'entreprise commercialise notamment les marques Lactel, Bridel, Président, Lanquetot et Roquefort Société.
AFP