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Soudan du Sud : HRW publie un rapport glaçant sur l'utilisation massive du viol

Dans un rapport publié lundi, l'ONG Human Rights Watch a dénoncé les nombreuses exactions et viols commis en juillet au Soudan du Sud, qui connaît un regain de violences, et livré des détails accablants pour les troupes gouvernementales.

Des scènes d’une sauvagerie extrême. Dans un rapport publié lundi 15 août, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a livré des détails glaçants sur les assassinats à caractère ethnique, les viols et les viols en réunion, les pillages et les passages à tabac commis au Soudan du Sud au cours de la flambée de violences du mois de juillet.

Des violences que HRW impute principalement à des militaires "opérant sous le commandement officiel du général Paul Malong et du président (Salva) Kiir".

Violées par des hommes en uniforme

"Des soldats ont tué et violé des civils, et se sont livrés à de très nombreux actes de pillage de biens civils, notamment des produits humanitaires, pendant et après des affrontements entre forces gouvernementales et de l’opposition dans la capitale du Soudan du Sud, Juba, en juillet 2016", rapporte HRW. L'ONG indique que dans de nombreux cas, "les forces gouvernementales semblent avoir visé les civils n’appartenant pas à l’ethnie Dinka [celle du président sud-soudanais Salva Kiir, NDLR]".

HRW précise toutefois qu’elle a également reçu des rapports d’exactions à Juba imputées aux ex-rebelles de l'ancien vice-président Riek Machar (de l'ethnie Nuer), sans pour autant pouvoir vérifier leur véracité de manière indépendante.

Le rapport de HRW contient plusieurs témoignages de victimes civiles, violées par des hommes en uniforme. "Ils ont découpé nos vêtements avec des couteaux, explique une survivante âgée d’une vingtaine d’années. Ils nous ont frappées à coups de crosse de fusil. Ils parlaient de Riek Machar, ils disaient des choses en dinka. Ensuite, ils nous ont emmenées en voiture à une autre installation. Ils nous ont violées là, devant tout le monde. Je suis désolée de le dire, mais c’est ce qui est arrivé. Ils l’ont même violée [l’autre survivante], alors qu’elle est enceinte."

Viols, viols multiples et viols en réunion

L’ONG affirme également que des viols collectifs ont été commis le 11 juillet dans le complexe hotelier de Yei Road, qui abritait une cinquantaine d’employés de plusieurs organisations internationales, et qui est situé à moins d'un kilomètre d'une base de l'ONU. Selon les témoignages recueillis, des militaires ont commencé par tuer John Gatluak, un éminent journaliste appartenant à l’ethnie Nuer, avant de violer ou violer collectivement plusieurs membres du personnel des organisations. "Il m'a dit que je devais avoir des relations sexuelles avec lui ou bien que je devrais avoir des relations sexuelles avec tous les autres soldats - donc je n’avais pas le choix", a expliqué une survivante de viols multiples.

Évoquant "une tendance manifeste de viols" commis après le cessez-le-feu du 11 juillet, l’ONG rapporte plusieurs cas d’exaction contre des femmes s’étant aventurées hors des camps de protection des civils (POC) se trouvant au sein des bases de l’ONU. "Je marchais avec un groupe de 10 femmes, lorsque des soldats en uniformes verts et portant des bérets rouges nous ont arrêtées", témoigne une jeune femme de 20 ans citée dans le rapport. "Ils ont pris les téléphones et de l'argent à certaines, puis ils ont emmené quatre femmes jusqu’à un magasin où ils les ont violées."

Ces abus d’une rare violence n’ont pas échappé à l’attention de l’ONU, qui a rapporté de son côté au moins 200 cas de viols de Sud-Soudanaises à Juba pour le seul mois de juillet, perpétrés par des hommes en uniforme, principalement issus des troupes loyalistes.

Lundi, Salva Kiir a promis de poursuivre les responsables de violences sexuelles commises début juillet à Juba.
 

Dans un rapport publié en mars, l’ONU s'était déjà alarmée de la situation dramatique au Soudan du Sud, où selon elle, des combattants alliés au gouvernement avaient été autorisés "à violer les femmes en guise de salaire".

"Il s'agit d'une situation des droits de l'Homme parmi les plus horribles dans le monde, avec une utilisation massive du viol comme instrument de terreur et comme arme de guerre", avait déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, dans un document qui couvrait la période d'octobre 2015 à janvier 2016.

Un cri d’alarme qui, les exactions de juillet le prouvent, n’a toujours pas été entendu.

Avec AFP