Jeudi, Mike Pence a formellement accepté son investiture comme colistier de Donald Trump, candidat républicain à la Maison Blanche. Le gouverneur de l’Indiana, chrétien ultra conservateur, devrait permettre de rallier l’aile traditionaliste du parti.
Lorsque Mike Pence s’est levé pour prendre la parole et accepter formellement d’être le colistier de Donald Trump à la Convention républicaine de Cleveland (Ohio) jeudi 21 juillet, il a débuté son discours sur une boutade empreinte d’autodérision qui a parfaitement résumé pourquoi il avait été choisi par Donald Trump.
"Vous savez, [Trump] est un homme renommé pour sa personnalité baroque, son style haut en couleurs, et son grand charisme. Je suppose [qu’en me choisissant] il a voulu équilibrer le tableau", a-t-il déclaré d’un air impassible.
Mike Pence, connu pour sa discrétion et son aversion pour le conflit, a assumé son rôle de contrepoids à la personnalité bouillonnante, culottée, pour certains outrancière, de Donald Trump.
Mike Pence, 57 ans, a beau avoir 13 ans de moins que Donald Trump, il n’en présente pas moins une alternative plus sage au milliardaire new yorkais. Son atout : un don pour mettre le public de son côté, un talent que ce juriste de formation a certainement façonné lorsqu’il officiait comme présentateur d’une émission de télévision.
Des qualités qui ont sûrement convaincu Donal Trump quand il a choisi Mike Pence, un quasi-inconnu, comme "running mate" (vice-président potentiel). La concurrence était pourtant rude, avec des profils plus prestigieux, comme Chris Christie ou Newt Gingrich, mais qui présentaient le risque d’exercer plus librement leur droit de critique.
"Chrétien, conservateur et républicain, dans cet ordre"
Lors de son discours jeudi, Mike Pence a donné une autre justification à sa présence aux côtés de Donald Trump. "Je suis chrétien, conservateur, et républicain, dans cet ordre", a-t-il déclaré.
Donald Trump, comme l’avancent ses opposants de l’aile traditionnelle du parti républicain, n’est rien de tout cela. C’est un propriétaire de casinos, deux fois divorcé, dont les valeurs chrétiennes ont été mises en cause par le pape en personne : Trump a lutté pour s’imposer auprès de l’aile droite religieuse du parti, qui a largement soutenu Ted Cruz durant la primaire.
Cette frange devrait en toute logique être rassurée par Mike Pence, qui a tout du profil conservateur idéal. Né dans une famille irlandaise catholique à Colombus, dans l’Indiana, il a fréquenté l’école paroissiale et a été enfant de chœur durant ses jeunes années, avant de se convertir au protestantisme évangélique au lycée.
Tout au long de sa carrière politique, il a d'ailleurs placé la religion au premier plan. Il l’a prouvé dès sa première campagne, en 1988, à l’issue de laquelle il n’a pas obtenu le siège qu’il briguait à la Chambre des représentants. Au cours de son mandat de gouverneur de l’Indiana, qu’il exerce depuis 2013, il a maintes fois pris position contre l’avortement et le mariage homosexuel.
Alors que les positions politiques de Trump ne sont pas toujours aisées à situer sur l’échiquier politique, celles de Pence sont aussi séduisantes pour les républicains conservateurs que rédhibitoires pour la gauche.
"Détruire les ennemis de notre liberté"
Pour preuve, ses faits d’armes en tant que gouverneur de l’Indiana. Depuis 2013, il a imposé la restriction de l’accès à l’avortement, la suspension de l’accueil de Syriens dans cet État et la signature d’une loi controversée permettant aux entreprises de ne pas servir les personnes en raison de leur orientation sexuelle, sous prétexte de liberté de religion. De quoi faire grincer des dents chez les progressistes.
Ses orientations économiques sont également plus traditionnelles, conformes au libéralisme cher aux républicains, par opposition aux positions plus protectionnistes de Trump.
Un tel pedigree ne sera d’aucun secours pour aider Trump à convaincre les indépendants, les républicains modérés ou les démocrates indécis. Mais Pence offre à Trump l’opportunité de ramener dans son giron ses opposants républicains, à un moment où l’unité fait cruellement défaut au sein du "Grand Old Party"… Les divisions sont d’ailleurs apparues au grand jour à Cleveland, peu avant la prise de parole de Mike Pence, lorsque Ted Cruz a refusé de soutenir la candidature de Trump, sous les huées de l’assistance.
Bien qu’il ait lui-même misé sur Cruz durant la primaire, Mike Pence a sans état d’âme retourné sa veste, et vante désormais avec enthousiasme les qualités de Trump. Objectif final : unifier le parti et barrer la route de la Maison Blanche à la démocrate Hillary Clinton.
"Donald Trump va reconstruire notre armée et se tenir aux côtés de nos alliés. Donald Trump va lutter contre le terrorisme islamiste radical à sa source et détruire les ennemis de notre liberté" a-t-il ajouté dans son discours aux notes martiales.
Et de conclure : "[Donald Trump] est un homme bien." Les hispaniques qu’il traitait de voleurs et de violeurs, et les musulmans qu’il souhaitait interdire de territoire en prendront bonne note.