Cent ans après la bataille de la Somme, le président sud-africain Jacob Zuma a inauguré, mardi, un "mur de la mémoire" au mémorial national sud-africain du Bois Delville. C'est là, qu'en 1916, un épisode sanglant de la Grande Guerre a eu lieu.
"Nous sommes ici pour honorer les Sud-Africains qui ont sacrifié leur vie durant la bataille de la Somme, il y a 100 ans, et en particulier les Noirs qui sont morts lors de cette guerre", a déclaré le président sud-africain Jacob Zuma, mardi 12 juillet, lors de l’inauguration d’un "mur de la mémoire". Là, sont gravés près de 14 000 noms de soldats blancs comme noirs, au mémorial national sud-africain du Bois Delville.
Le 14 juillet 1916, la première brigade d'infanterie sud-africaine, dominion de l'Empire britannique, est chargée d'attaquer les forces allemandes au bois Delville. Pendant cinq jours et cinq nuits, les 3 150 hommes vont résister sous une pluie d'obus de l'armée allemande. Ils tiendront le bois, mais les pertes sont énormes. Après six jours de combat, le 20 juillet 1916, jour de la relève, "seulement 142 sont ressortis totalement indemnes" du bois, a rappelé le président sud-africain. Ce bois Delville, les Sud-Africains l'ont d’ailleurs rebaptisé "Devil Wood" ("le bois du diable").
Un lieu d'autant plus important que c'est là qu'a été inhumé, il y a deux ans, à l'occasion des 20 ans de la fin de l’apartheid, le premier soldat sud-africain noir tombé dans l'Hexagone. En effet, en 1916, même à 13 000 km, la ségrégation s'imposait. Au bois Delville, seuls les soldats blancs reposent, tandis que les noirs sont eux répartis dans d’autres cimetières français.
Le président Zuma a estimé que ces Sud-africains de couleur n'avaient "pas eu la reconnaissance qu'ils méritaient", soulignant "qu'ils n'avaient pas eu droit à porter les armes", contrairement aux Blancs. Les Noirs occupaient surtout des tâches subalternes, comme la logistique ou le ravitaillement.
À l'occasion du centenaire de la bataille de la Somme, un nouveau musée a ouvert ses portes à Thiepval, près du mémorial franco-britannique L'intérieur du musée a été rénové et repensé, apportant une plus grande importance au rôle des autochtones sud-africains dans le conflit. "Ce qui a changé, c'est qu'on raconte une histoire qui n'était pas racontée et le sacrifice des Noirs sud-africains que le gouvernement de l'époque a cherché à gommer", a expliqué Thapedi Masanabo, responsable du musée, à l'issue d'une cérémonie qui a duré environ trois heures et devant environ 500 personnes, dont le secrétaire d'État aux anciens combattants Jean-Marc Todeschini.
Avec AFP