Bombay – L'Unicef vient de publier un rapport qui évalue à plus de 400 millions le nombre de personnes qui souffrent de la faim en Asie du Sud. L'Inde apparaît au premier rang pour l'ampleur de la malnutrition et de la sous-alimentation des enfants.
A Bombay, la crise économique ne touche pas que les traders. Les millions d’habitants qui s’entassent dans les bidonvilles de la mégalopole sont aussi les victimes de la récession.
Depuis six mois Nanda Kailash Embore est obligée de marchander le moindre kilo de légume.
“C’est trop cher ! Tu me demandes trop d’argent pour un simple bouquet d’epinard!”, se plaint-elle à un vendeur.
“Avant pour le même prix, je pouvais acheter deux bouquets d’épinards! Maintenant ce n’est plus possible, ça coute tellement cher !”, explique Nanda Kailash.
Dans les marchés, les vendeurs aussi sont mécontents. “Les gens achetaient beaucoup plus de légumes avant”, explique l’un d’eux. “Le prix de nos fournisseurs ont augmenté et du coup nos prix aussi”.
Pour nourrir sa famille, Nanda Kailash n’a plus que trente euros par mois. Son mari est au chômage. Le chantier sur lequel il travaillait s’est arrêté il y a deux mois. Aujourd’hui la nourriture représente plus de 80 % des dépenses du foyer. Nanda vit dans la peur de voir un jour un ses enfants tomber malade, et de ne pas avoir les moyens de le soigner.
“Mes enfants deviennent de plus en plus faibles, ils étaient en meilleure santé avant”, maugrée-t-elle. ”Je n’arrive a leur servir qu’un seul repas par jour. Mais malheureusement ce n’est pas de la bonne nourriture. Je mélange les légumes les moins chers avec des pommes de terre et des lentilles, c’est tout ce que j’arrive à faire”.
Les premières victimes de la pauvreté sont les plus petits. En Inde, la moitié des enfants de moins de cinq ans souffre de malnutrition.
Dans son centre d’accueil pour enfants de rues, le docteur A. L. Kharat voit tous les jours de jeunes patients arriver avec les mêmes symptômes.
“A la couleur des paupières, on repère ceux qui font de l’anémie. On inspecte aussi les ongles. S’ils sont blancs et non rouges, c’est un tres mauvais signe”, explique le docteur. “C’est à cause de manque de fer dans la nourriture. Les enfants des rues ne mangent pas assez de légumes verts”.
Il peut y avoir des problèmes de croissance, au niveau physique et même des problèmes mentaux. Ce genre de complications arrive. Mais en général, avec une assistance médicale ou une meilleure alimentation, les enfants s’en sortent”, affirme le spécialiste.
La pauvreté force de plus en plus de familles des bidonvilles a sacrifier l’éducation de leur enfant. Depuis que son père est au chômage, Deepak, le fils ainé de Nanda Kailash Embore, ne va plus a l’école. Ses parents ne peuvent plus payer les frais de scolarité.
“A l’école mon fils pouvait se laver deux fois par jour. Dans le bidonville, on n’a pas assez d’eau pour se laver”, explique-t-elle.
Avec quatre enfants à nourrir et seulement un euro par jour en poche, Nanda Kailash sait qu’elle ne pourra pas tenir très longtemps. Pourtant elle refuse d’envoyer son fils travailler.
“S’il le faut, mon mari retrouvera du travail, moi aussi je travaillerai plus. On empruntera de l’argent. Mais on fera tout pour éviter de faire travailler nos enfants”, affirme la mere de famille.
Selon certaines associations d’aide à l’enfance, la crise économique conduit de plus en plus de famille à faire travailler leurs enfants.
La pauvreté en Asie du Sud s’aggrave. L’UNICEF évalue à 400 millions le nombre de personnes qui ne mangent pas à leur faim dans cette région. Cela représente 100 millions de plus de personnes qu’il y a deux ans.