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Rétroprojecteur : Florence Foster Jenkins, la cantatrice qui chantait faux

Moins d’un an après la sortie du film français "Marguerite", Florence Foster Jenkins inspire un nouveau film avec Meryl Streep et Hugh Grant. Retour en photos et surtout en sons sur la vraie vie de cette cantatrice qui chantait horriblement faux.

"Les gens pourront dire que je ne savais pas chanter, mais personne ne pourra dire que je n’ai pas chanté." Voilà la dernière phrase prononcée par Florence Foster Jenkins sur son lit de mort dans le film du même nom, dans les salles françaises le 13 juillet. Une vraie parole de la vraie Florence Foster Jenkins qui résume à elle seule toute la vie de cette passionnée de musique dépourvue de talent. Mais cela aurait été dommage de s’arrêter là, et de ne pas vous raconter son histoire.

Dès ses plus jeunes années après sa naissance en 1868, Narsissa Florence Foster suit des cours de musique et rêve de devenir chanteuse. Mais à l’époque, sans le soutien de ses parents et sans Nouvelle Star ou The Voice pour tenter sa chance, la jeune femme s’amourache d’un médecin deux fois plus âgé qu’elle et fuit avec lui à Philadelphie. Après la mort de son père et son divorce avec Mr Jenkins – dont elle gardera le nom –, Florence hérite d’un joli pactole et part s’installer à New York pour y mener la grande vie et enfin assouvir sa passion.

"Florence dirige plusieurs cercles de la haute société, organise des concerts pour la National Roundtable ou la Mozart Society, et fonde bientôt le Verdi Club. À 41 ans, elle se toque de l'acteur St. Clair Bayfield, qui fera office de mari", raconte Télérama dans un portait de la star publié au moment de la sortie au cinéma de "Marguerite", le film français inspiré de sa vie, avec Catherine Frot en héroïne.

Passionnée mais pas douée

Au Verdi Club, Florence Foster Jenkins commence rapidement à se mettre en scène dans des reconstitutions de moments historiques comme lorsqu’elle enfile le casque de Brunehilde, guerrière et walkyrie de la mythologie nordique. C’est d’ailleurs sur un de ses spectacles délirants que le réalisateur Stephen Frears démarre son film avec Meryl Streep et Hugh Grant, en salles le 13 juillet.

Et plus Florence Foster Jenkins devient populaire et influente, plus l’envie de chanter en public la démange. Elle s’entoure de pianistes et compositeurs talentueux, vend elle-même les billets pour ses concerts et se produit annuellement dès 1912 dans la salle de bal du Ritz-Carlton de New York.

Oui mais voilà, il y a un gros problème, Florence Foster Jenkins chante faux. Horriblement faux.

"Des hululements nocturnes"

Dans le Time du 16 juin 1941, un journaliste décrit ainsi sa reprise d’un air de "La Flûte enchantée" de Mozart : "Ses descentes en pique et ses hululements nocturnes, ses trilles semblables à des complaintes sauvages, et ses notes staccato répétées comme un coucou sorti de sa maisonnette sont innocemment délirants à écouter."

Entre son entourage bienveillant et le public pour qui "l'écouter en se moquant était un signe d'appartenance à une certaine élite, une activité très chic", raconte à Télérama Stephen Temperley, auteur de la pièce de théâtre biographique "Souvenir", Florence Foster Jenkins poursuit ainsi sa carrière bruyante. Jusqu’à atteindre son apogée le 25 octobre 1944.

Ce soir-là, la cantatrice a prévu de donner un concert devant 3 000 personnes au Carnegie Hall, à l’époque la salle de concert la plus prestigieuse de New York.

Florence Foster a sorti ses plus belles ailes en plumes et ses tenues rose – sa couleur préférée – les plus luxueuses pour l’occasion, mais cette fois le grand public venu en masse n’est pas tendre. Quelques jours plus tard, le magazine Newsweek rapporte que "les braillements des rires ont noyé les efforts célestes de Madame Jenkins. Là où les gloussements étouffés et les explosions de rire occasionnels passaient encore au Ritz, les hurlements sans complexe étaient incessants à la soirée au Carnegie".

Un mois plus tard, Florence Foster Jenkins meurt des suites d’une crise cardiaque.

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