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Après Harvard, Oxford veut à son tour (re)colorer son histoire

La prestigieuse université britannique va remplacer les portraits d’hommes blancs qui ornent ses murs par ceux de 25 nouvelles personnalités issues des minorités qui ont laissé leur trace dans l'histoire.

Des hommes blancs hétéros partout. Des femmes, des noirs et des gays nulle part.

C’est le problème auquel se retrouve confrontée, comme beaucoup d’établissements, la prestigieuse institution d'Oxford en cette année 2016. Disons qu'il n'est jamais trop tard pour corriger ses erreurs. 

Explications : dans les universités les plus renommées, la tradition veut que les murs soient ornés des portraits-hommage d'anciens élèves, les alumni, ayant marqué l’histoire par la suite. Et il s'avère qu'à Oxford, ces illustres personnages sont tous, sans exception, des hommes blancs. 

Université "blanche, pâle et vieillotte"

Une configuration qui entretient la réputation d'"université blanche, pâle et vieillotte" d'Oxford et dont l’établissement souhaite aujourd'hui se débarrasser, rapporte le Sunday Times ce lundi. Alors pour se mettre à la page et s’ouvrir enfin à la diversité, la mythique institution a eu l’idée d’une campagne de com' un peu plus rock'n'roll que son esprit : le "Diversifying Portraiture Project".

Objectif : remplacer 25 portraits – sur proposition des étudiants et du personnel de l’établissement – par ceux de personnalités passées par Oxford, contemporaines ou non, mais toutes appartenant aux minorités ou à la communauté LGBT. 

Who’s next in the frame? Tell us your nominations for new portraits. What you need to know: https://t.co/cUl56aL501 pic.twitter.com/Q49gjFQj1q

— DiversifyOxPortraits (@DivOxPortraits) 1 juin 2016

"Le but est d’élargir les rangs des personnalités représentées au sein de l’université, de refléter et encourager une dynamique inclusive", peut-on lire dans le communiqué de l’établissement. L’université a ainsi lancé un appel aux artistes qui souhaitent participer au projet contre une rémunération de 900 livres la toile. Des dizaines de portrais ont déjà été commandés.

Parmi les nouveaux venus, on compte notamment le gouverneur de la Barbade Sir Hugh Springer, l’activiste zambienne Lucy Banda Sichone ou encore la philosophe du 18e siècle Lady Elizabeth Hastings.

Du coté des contemporains, la féministe américaine Naomi Wolf, la présentatrice télé britannique Natasha Kaplinsly et l’écrivain anglo-indien Hari Kunzru ont également été choisis pour figurer dans les couloirs du bâtiment.

"Refléter la diversité sur les murs"

Lord MacDonald, directeur du collège Wadham d’Oxford, a expliqué l’initiative au Sunday Times : "Je tiens à souligner la prédominance des portraits d’hommes blancs dans notre établissement. Ce sont des grandes figures et ils méritent leur place dans l’histoire. Mais le collège Wadham est fier de sa diversité et il est temps de la refléter sur les portraits qui décorent nos murs".  

Reste que l'écrivain Jonathan Swift, le poète du 16 e  siècle John Donne, et William Tyndale, traducteur de la Bible, ont tous les trois dû céder leur place.

Esclavage, colonisation : des patrimoines contestés

De plus en plus d’universités se voient forcées de faire le ménage dans leur histoire. Déjà à Oxford, l’année dernière, des étudiants avaient organisé une mobilisation, restée cependant vaine, pour la destruction de la statue de Cecil Rhodes, l'homme d’affaire britannique impérialiste et pro-colonisation.

Souvenez-vous également de la polémique qui avait secoué la prestigieuse université de Harvard, de l'autre côté de l'Atlantique, en mars dernier : des étudiants de l’université avaient lancé la campagne "Royall must fall" pour dénoncer le fait que le blason du département de droit de l'établissement était inspiré de celui d’un propriétaire d’esclave, Isaac Royall.

Résultat, Harvard avait annoncé l’abandon de son écusson… en attendant des propositions plus en phase avec les nouvelles valeurs de l’institution et de sa nouvelle génération d’étudiants.

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