Des dizaines d'élus démocrates ont manifesté mercredi leur colère contre le rejet par le Congrès de mesures restrictives sur le port d'armes, en entamant un "sit-in" aux cris de "pas de loi, pas de congés". Obama et Clinton soutiennent le mouvement.
Méthode surprenante : une quarantaine de parlementaires démocrates américains ont effectué mercredi 22 juin un "sit-in" à la Chambre des représentants pour protester contre le rejet par le Sénat de mesures restreignant la liberté de porter des armes. Soutenus par Barack Obama, les élus se sont assis au centre de l'hémicycle et ont refusé d'en partir lorsque le président de la séance, le républicain Ted Poe, a fait son entrée, contraignant celui-ci à suspendre la séance.
"Pas de loi, pas de congés"
Aux cris de "Pas de loi, pas de congés", des dizaines d'élus démocrates se sont joints à un mouvement de protestation qui a commencé vers la mi-séance et qui était toujours en cours malgré les manœuvres des chefs de file républicains pour tenter de contourner le "sit-in", qui a entraîné la suspension de la séance du jour à la Chambre des représentants.
Mais au terme de 15 heures d'occupation de la tribune, ces parlementaires ont vu aux premières heures de jeudi la séance ajournée jusqu'au lendemain sans avoir obtenu gain de cause. La direction du Parti républicain, majoritaire à la chambre basse du Congrès, a ordonné l'extinction des caméras de télévision et la fermeture des micros afin d'obliger les protestataires à cesser leur mouvement.
Intervenant après dix heures de confusion, le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a rejeté les demandes de la minorité démocrate et fait voter un projet de loi, sans rapport avec la contestation, allouant 1,1 milliard de dollars à
un programme de lutte contre le virus Zika. Ryan envisageait même un ajournement jusqu'au 5 juillet, date de la reprise de la session après les vacances parlementaires qui débutent à la fin de cette semaine.
De précieux soutiens
Les démocrates exigent qu'un projet de loi sur le contrôle des armes à feu soit débattu avant les vacances parlementaires qui doivent débuter à la fin de cette semaine et se prolonger jusqu'au 5 juillet. La présidente du groupe démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a assuré plus tôt que les représentants poursuivraient leur sit-in jusqu'à ce qu'un tel texte leur soit soumis."Nous sommes ici pour un bon moment", a-t-elle prévenu.
Le président Barack Obama a témoigné de son soutien au "sit-in" par un message sur Twitter : "Merci John Lewis de prendre la tête du mouvement contre la violence des armes à feu au moment où nous en avons le plus besoin. De son côté, Hillary Clinton a dit, également sur Twitter : "Voici à quoi ressemble un vrai leadership". Bernie Sanders, adversaire de Clinton dans la primaire démocrate, a également fait une apparition auprès des protestataires.
C'est la première fois depuis août 2008, quand les républicains, alors minoritaires, s'étaient assis par terre pour exiger un vote autorisant le forage en eaux profondes, que la Chambre des représentants est paralysée par un mouvement de protestation.
"Ce sit-in ressemble fort à ceux des années 60 contre la ségrégation des Noirs aux États-Unis", observe pour sa part Gallagher Fenwick, correspondant France 24 aux États-Unis.
La tuerie d'Orlando, la plus meurtrière du genre dans l'histoire américaine, a contraint les parlementaires du Congrès à prendre des initiatives mais le rejet lundi par le Sénat de quatre propositions visant à renforcer le contrôle des ventes d'armes à feu aux États-Unis montre le poids politique que gardent au Congrès des partisans du droit à porter des armes et la National Rifle Association (NRA).
Avec Reuters