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Le Monde accuse le cimentier Lafarge d'arrangements avec l'EI en Syrie

Selon le quotidien Le Monde, une cimenterie du groupe français Lafarge, située en Syrie a payé des taxes à l'organisation État islamique (EI) en 2013 et 2014 pour continuer à fonctionner pendant la guerre.

L'accusation est de taille. Le quotidien français Le Monde, a révélé mardi 21 juin, qu'une cimenterie du groupe français Lafarge située à Jalabiya, dans le nord de la Syrie, a payé des taxes à l'organisation État islamique (EI) en 2013 et 2014 pour continuer à fonctionner pendant la guerre.

Au cœur de l'enquête des journalistes : des courriels envoyés par la direction de Lafarge en Syrie. "Des courriels [...], publiés en partie par le site syrien proche de l'opposition Zaman Al-Wasl et que Le Monde a pu consulter, révèlent les arrangements de Lafarge avec le groupe djihadiste pour pouvoir poursuivre la production jusqu'au 19 septembre 2014, date à laquelle l'EI s'empare du site et Lafarge annonce l'arrêt de toute activité", écrit le journal.

Selon Le Monde, la société s'est efforcée d'assurer l'accès à l'usine des employés et des matières premières en recourant à des intermédiaires locaux. Le Monde va encore plus loin : le quotidien affirme, sur la foi d'échanges de mails consultés par les journalistes, que la direction de Lafarge à Paris était au courant de la situation. "Lafarge passait par des intermédiaires et des négociants qui commercialisaient le pétrole raffiné par l'EI, contre le paiement d'une licence et le versement de taxes", écrit Le Monde.

Le journal fait notamment état d'un laissez-passer estampillé du tampon de l'EI, daté du 11 septembre 2014, pour permettre la libre circulation des matériaux et d'un courriel du 9 septembre 2014 concernant les approvisionnements.

Le vrai titre c'est comment Lafarge semble avoir financé un temps l'EI pour continuer son business en Syriehttps://t.co/VLy6U9iccA

— Chris Chavagneux (@ChrisChavagneux) 21 juin 2016

"Assurer la sécurité et la sûreté du personnel"

Lafarge a fusionné l'an dernier avec son concurrent suisse Holcim pour donner naissance au premier groupe cimentier mondial LafargeHolcim .

Interrogée sur l'article du Monde par Reuters, une porte-parole du groupe LafargeHolcim a répondu par email : "Lorsque le conflit s'est rapproché de la zone de l'usine, la priorité absolue de Lafarge a toujours été d'assurer la sécurité et la sûreté de son personnel, tandis que la fermeture de l'usine était étudiée".

Elle a fait valoir qu'entre 2010 et 2014, cette cimenterie de Lafarge "approvisionnait environ un tiers du marché local, répondant à un besoin de première nécessité de la population et aux besoins de développement économique de la Syrie".

Une source proche du dossier a déclaré à Reuters que "tous les salariés expatriés avaient quitté la Syrie en 2012". "Après septembre 2012, l'usine était dirigée par mail et téléphone. La seule demande qui était adressée, c'était d'assurer la sécurité des gens", a ajouté cette source.

Avec Reuters