
La Haute autorité de la primaire de la droite a rappelé Nicolas Sarkozy à l'ordre jeudi, l'appelant à "distinguer aussi clairement que possible l'action qu'il mène dans le cadre du parti de celle qu'il mène pour sa campagne".
La Haute autorité de la primaire (HAP) de la droite et du centre, composée d'experts et juristes indépendants, a tranché, jeudi 16 juin. En tant que "candidat à la candidature", Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains (LR), devra "distinguer aussi clairement que possible l'action qu'[il mène] dans le cadre du parti de celle qu'[il mène] dans le cadre de cette candidature". Ce recadrage de la HAP constitue une victoire pour ses adversaires, alors que les textes ne prévoyaient pas cette configuration.
Officiellement, les règles de la primaire fixent la limite pour le dépôt des candidatures au 9 septembre 2016. Et les statuts du parti LR n’exigent des candidats à la primaire qu’ils démissionnent de la direction du mouvement que lors de la "réception de sa déclaration de candidature dans les conditions fixées par la Charte de la Primaire". Officiellement, Sarkozy est donc dans son bon droit, lui qui reste président du parti alors que l’annonce de sa candidature à la primaire n’est qu’une question de semaines.
Mais pour les candidats déjà déclarés, François Fillon et Hervé Mariton en tête, Nicolas Sarkozy est déjà en campagne. Et abuse ainsi des moyens mis à sa disposition par le parti, parmi lesquels billets d’avions et organisation de réunions publiques dans toute la France. D’autant que sa présence sur la ligne de départ de la primaire n’est plus une hypothèse : il l’a confirmée le 1er juin dans un entretien au magazine Valeurs actuelles (article réservé aux abonnés).
Un "avertissement sévère"
C’est la raison pour laquelle l'ancien président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, et le député Philippe Gosselin, avaient saisi la HAP le 14 juin, pour les comptes respectifs de François Fillon et d’Hervé Mariton. Laquelle HAP s’est désormais exprimée, prouvant son indépendance vis-à-vis du chef de LR en l’astreignant à une plus grande clarté quant à son statut.
"C’est un avertissement sévère de la Haute autorité, juge Hervé Mariton auprès de France 24. Cela place Nicolas Sarkozy devant un choix. Soit il est capable de démontrer que président et candidat ont deux habits distincts, soit il continue le mélange des genres et il est en contradiction avec la décision de la HAP."
La recommandation aura surtout une implication concrète sur les finances de Nicolas Sarkozy : "[Ses] dépenses [engagées avant sa déclaration de candidature] devront éventuellement être prises en compte dans ses comptes de campagne", analyse-t-on dans l’entourage de Bernard Accoyer. Car "l’usage de ces moyens n’est pas illégal tant qu’ils sont effectivement inscrits dans les comptes de campagne", pointe Hervé Mariton. Une précision importante, puisque Sarkozy traîne encore le "boulet du rejet de ses comptes de campagnes de 2012", renchérit-on du côté du président du Sénat.
La décision de la HAP devrait permettre, selon cette source, que "ces primaires soient irréprochables et d’assurer une véritable équité entre les candidats".