
Après une nouvelle saillie anti-musulmane du candidat à l'investiture républicaine Donald Trump, à la suite de la tuerie d'Orlando, Barack Obama a condamné avec virulence un "état d'esprit dangereux" et appelé le parti républicain à réagir.
La tuerie d'Orlando revendiquée par l'organisation État islamique (EI) a, sans surprise, donné un nouveau regain à la rhétorique anti-musulmans du candidat à l'investiture républicaine Donald Trump.
Ce que n'a pas manqué de relever le président Barack Obama, qui, mardi 14 juin, a dénoncé avec virulence les propos du candidat républicains à la course à la Maison Blanche. "Jusqu'où cela ira-t-il ?", s'est-il ainsi interrogé, mettant en garde contre un "état d'esprit dangereux" et appelant les dirigeants républicains au sursaut.
Trump juge Obama "pas assez dur ou pas assez intelligent"
Réagissant à la fusillade d'Orlando, le magnat de l'immobilier a notamment proposé de suspendre l'immigration en provenance de régions du monde "ayant un passé avéré de terrorisme", sans donner de précisions sur la portée exacte d'une telle initiative.
Comme il l'avait déjà fait lors des attentats de San Bernardino en décembre, Donald Trump a mis ce massacre sur le compte du laxisme des autorités et de l'ouverture des frontières au nom de ce qu'il appelle le "politiquement correct". Il a ainsi critiqué Barack Obama et son action, jugeant qu'il n'avait pas été "assez dur, ou pas assez intelligent". Mettant en doute ses motivations, il est allé jusqu'à insinuer que le chef d'État américain pouvait avoir d'éventuelles sympathies pour l'idéologie islamiste.
American must now get very tough, very smart and very vigilant. We cannot admit people into our country without extraordinary screening.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 14 juin 2016"Allons-nous commencer à traiter tous les musulmans américains différemment ? Allons-nous les soumettre à une surveillance particulière ? Allons-nous les discriminer en raison de leur foi ? Jusqu'où cela ira-t-il ?", a de son côté réagi Barack Obama, dans une allocution passionnée, à l'issue d'une réunion avec les principaux membres de son équipe de sécurité, parmi lesquels le directeur du FBI James Comey.
"J'ai entendu ces suggestions durant la campagne. Les responsables républicains sont-il d'accord avec cela ?", a-t-il encore dit, sans jamais citer Donald Trump nommément, à moins de cinq mois de l'élection présidentielle du 8 novembre.
Obama met en garde contre un "raisonnement dangereux"
En réponse aux critiques de Donald Trump qui a fustigé son refus d'utiliser le terme d'"islam radical", Barack Obama s'est interrogé : "En quoi utiliser cette formule permettrait d'obtenir des résultats ? Est-ce que cela rendrait le groupe EI moins déterminé à essayer de tuer des Américains ? [...] Appeler une menace par un nom différent ne la fait pas disparaître ! C'est une distraction politique !". "Nous voyons à quel point ce genre de mentalité et de raisonnement peut être dangereux", a-t-il encore dit.
"Nous voyons où cette rhétorique et ces approximations sur l'identité de ceux que nous combattons peut nous mener", évoquant "des propositions du probable candidat républicain à la présidence des États-Unis qui veut interdire à tous les musulmans de venir en Amérique". "Cela donne aux musulmans américains le sentiment que leur gouvernement les trahit. Cela trahit les valeurs même de l'Amérique", a-t-il conclu.
Barack Obama, qui se rendra jeudi à Orlando pour rendre hommage aux victimes, a apporté mardi son soutien à la communauté homosexuelle dans son ensemble: "Je tiens à rappeler que vous n'êtes pas seuls".
Avec AFP