Lors de sa première réaction dans les médias depuis le 9 mai, Denis Baupin, accusé par plusieurs femmes d'agression et harcèlement sexuels, a assuré mercredi ne pas être "le DSK des Verts". Le député EELV a simplement reconnu des "jeux de séduction".
Le député écologiste Denis Baupin est sorti de son silence, mercredi 1er juin, pour réfuter les accusations de harcèlement et d'agression sexuels qui pèsent sur lui. "Je ne suis pas le DSK des Verts", se défend, dans un entretien à paraître jeudi dans L'Obs.
"J'affirme de toute ma vie n'avoir jamais commis de harcèlement sexuel ni d'agression sexuelle", assure le député qui a dû quitter la vice-présidence de l'Assemblée nationale le 9 mai quand huit femmes, la plupart à visage découvert, l'ont accusé d'agression et de harcèlement sexuels dans Mediapart et sur France Inter.
Il s’agit de sa première réaction dans les médias depuis la diffusion, le 9 mai, de témoignages de femmes le mettant en cause.
Denis Baupin "conteste toute tentative de harcèlement et d'agression", allant jusqu’à questionner les motivations de celles qui l’accusent. "Je ne vais pas spéculer sur les motivations de ces femmes. Mais il est possible que du fait des désaccords politiques profonds à EELV, il puisse y avoir une relecture d'épisodes anciens", suggère-t-il.
Denis Baupin estime cependant qu'il a pu être "maladroit" : il a pu y avoir des situations de libertinage incompris. J’en suis sincèrement désolé.
"Pas des SMS salaces, plutôt de compliment, de séduction..."
Le député réfute d’ailleurs une par une les différentes accusations. À propos de la scène décrite par la porte-parole d'EELV, Sandrine Rousseau, qui remonte à octobre 2011, lors d'une réunion d'Europe Ecologie-Les Verts à Montreuil, Denis Baupin relève qu''il est impossible de démontrer que quelque chose n'a pas eu lieu", mais estime qu'"il y a de nombreuses invraisemblances".
"À un moment donné, j'ai voulu faire une pause", avait raconté Sandrine Rousseau. "Dans le couloir qui longe la salle, Denis Baupin est venu. Il m'a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine, et a cherché à m'embrasser. Je l'ai repoussé violemment."
En ce qui concerne le témoignage d'Isabelle Attard, députée du Calvados, évoquant "du harcèlement quasi quotidien de SMS provocateurs, salaces", Denis Baupin répond que "ce n'était pas des SMS salaces, plutôt de compliment, de séduction...". Il précise avoir "retrouvé ces SMS" et les avoir confiés à son avocat "pour que la police puisse en avoir connaissance".
Il évoque également les accusations d'Elen Debost, adjointe écologiste au Mans. "Nous avons eu pendant deux à trois mois des échanges de SMS de nature érotique, entre adultes consentants. Vu le type de réponses apportées, il n’y avait aucune ambiguïté : le jeu était assumé de part et d’autre."
"Une forme de libertinage correspondant à la culture des écologistes"
Le député ne nie pas avoir "longtemps été dans le registre de la séduction et dans une forme de libertinage correspondant à la culture des écologistes". "Je n'ai rien fait d'illégal, mais j'ai pu être ressenti comme quelqu'un de lourdingue."
Une "stratégie de défense" que les élues en question, ainsi que la conseillère régionale Annie Lahmer, ont "regretté" mercredi. Elles y ont vu une justification "en complet décalage avec l'importance, la répétition et la concordance des faits décrits par les 13 femmes qui témoignent" et ont déploré "une stratégie malheureusement bien trop classique dans ce type d'affaire".
Après les propos de #Baupin dans @lobs la réaction de @annielahmer @debostelen @TeamIsaAttard @sandrousseau : pic.twitter.com/hohk4XcvS2
— Lénaïg Bredoux (@LenaBred) 1 juin 2016"Ce qu'on trouve odieux, c'est cette inversion de la culpabilité", a réagi mercredi Marie Allibert, porte-parole d'Osez le Féminisme, interrogée par l'AFP. Pour elle, "le nombre de femmes qui se déclarent victimes et qui l'accusent à visage découvert fait peser une présomption de culpabilité assez lourde sur Denis Baupin".
"La lourdeur en séduction, c'est déjà impardonnable"
Marie Allibert a également réagi aux termes employés par Denis Baupin. "Se dire quelqu'un de ‘lourdingue’ n'est absolument pas une excuse", a-t-elle expliqué. "La lourdeur en séduction, c'est déjà impardonnable : on dit ça d'un homme qui ne peut pas entendre ‘non’ comme réponse. Et ne pas être capable d'entendre ‘non’ à des avances sexuelles ou amoureuses est déjà un comportement de harceleur."
déclaration #Baupin, prendre acte, répondre tranquillement malgré la pitoyable défense. Croire en la justice https://t.co/zfnj22YbJc
— debost elen (@debostelen) 1 juin 2016"Je ne crois pas que ces femmes soient des affabulatrices ou des complotistes", a pour sa part estimé l'actuel secrétaire national d'EELV, David Cormand, sur iTELE. "Je ne suis pas juge des âmes. Ce que je peux vous dire c'est que je n'ai aucune raison de douter de la parole des nombreuses femmes qui ont apporté leur témoignage, à visage découvert pour un grand nombre d'entre elles, par rapport aux agissements de M. Baupin."
L'Obs indique que Denis Baupin a rencontré à deux reprises, les 29 et 30 mai, deux journalistes accompagnés d'un photographe au cabinet parisien de son avocat et en présence de celui-ci. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. Une partie des faits pourrait cependant être touchée par la prescription, qui est de trois ans pour les délits d'agression et harcèlement sexuels.
Avec AFP