Depuis Garma, à quelques kilomètres du centre de Falloujah, les troupes de l'armée irakienne mettent tout en œuvre pour reprendre leur territoire conquis en 2014 par les jihadistes de l'EI. Reportage exclusif sur la ligne de front.
Garma offre un paysage de ruines et de désolation, déserté de ses habitants. À une dizaine de kilomètres du centre de Falloujah, en Irak, la ville est le théâtre de la lutte acharnée que les troupes irakiennes livrent aux jihadistes de l’organisation État islamique (EI) pour reconquérir leur territoire.
Soutenue par les indispensables milices populaires à dominante chiite et la coalition internationale menée par les États-Unis, l’armée irakienne a lancé l’offensive le 22 mai pour reprendre Falloujah, la première ville passée aux mains de l’EI en janvier 2014, à 50 kilomètres seulement de Bagdad. Chaque jour, l’étau se resserre un peu plus autour des jihadistes. En quatre jours d'offensive à Garma, les troupes irakiennes ont reconquis 70 % de territoire de plus qu'en un an d'opération.
La reprise de Falloujah représente, avec celle de Mossoul et de Raqqa, en Syrie, le grand objectif de la coalition internationale. Tous les moyens sont donc mis à disposition. Pour vaincre l'ennemi, l'armée irakienne a creusé des canalisations, détourné l'eau de la rivière et inondé 5 kilomètres de terre menant à Falloujah.
"Si on n'avait pas installé ces canalisations et ouvert l'eau, on aurait pu perdre beaucoup de nos hommes. Ces zones contiennent beaucoup de bombes qui ont été rendues inutilisables avec l’eau. C’est bien pour nous", explique à France 24 le lieutenant Salam de l’armée irakienne.
La résistance jihadiste se maintient
Depuis le centre de commandement militaire installé dans une maison abandonnée de Garma, le lieutenant-colonel Ahmed, commandant de la 53e brigade, se montre optimiste : en un mois, ses hommes ont réussi à éliminer 300 jihadistes. "On a déstabilisé son centre de commandement et on lui a fait perdre le contrôle de la situation. Nos troupes ont réussi à avancer dans différentes directions, au nord et au sud de Falloujah. C'est une très petite résistance, qui n'est pas forte", assure le lieutenant colonel Ahmed.
Après trois mois de siège, les jihadistes montrent des signes de faiblesse mais leur résistance continue au moyen de véhicules piégés, bombes dissimulées, kamikazes et tireurs embusqués. Les troupes irakiennes et leurs alliés n’en sont que plus déterminés à reconquérir leur territoire, quitte à y verser leur propre sang.