Face aux problèmes d'approvisionnement en carburant la France puise depuis deux jours dans ses réserves. La police a levé mercredi les barrages des syndicalistes de la raffinerie de Douchy-les-Mines, qui manifestaient contre la Loi travail.
La France a commencé à puiser dans ses réserves stratégiques de produits pétroliers "depuis deux jours" pour faire face aux problèmes d'approvisionnement en carburant liés au blocage de nombreuses raffineries, a indiqué mercredi 25 mai Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip). "Chaque jour, on ponctionne l'équivalent d'un jour de consommation", a-t-il ajouté. "Donc, au pire, si la situation restait très tendue, on ferait ça pendant trois mois" a-t-il estimé.
"La situation est tendue", a reconnu Francis Duseux en estimant que les consommateurs "contribuent un peu" au problème. "On remplit tous nos réservoirs par précaution, parce qu'on a peur, et la consommation est multipliée par trois, voire par cinq dans certaines zones", a-t-il expliqué. Or, "on n'est pas équipé pour ça" au niveau logistique.
Réagissant mercredi lors du conseil des ministres, François Hollande a déclaré que "tout serait mis en œuvre pour assurer l'approvisionnement [de carburant] aux Français et à l'économie", d'une manière "déterminée et sereine", selon des propos rapportés par le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.
itRaffinerie de Douchy-les-Mines débloquée
En outre, pour faire face au risque de pénurie, le gouvernement a fait appel aux forces de l’ordre. Après Fos-sur-Mer dans le sud de la France, les barrages devant le dépôt de carburants de Douchy-les-Mines, dans le Nord, ont été levés mercredi à l'aube par la police anti-émeute. L'accès à cette raffinerie était bloqué depuis le jeudi 29 mai par des syndicalistes opposés à la loi Travail.
"On a levé tous nos barrages, le dépôt de carburant a été débloqué sans heurts", a indiqué Willy Dans, porte-parole du syndicat Sud dans le Valenciennois, présent sur place. "Les CRS sont allés vite, ils ont utilisé le canon à eau. On sent les forces de l'ordre sur les nerfs", a ajouté le syndicaliste qui a constaté que vingt camions de CRS avaient été mobilisés pour effectuer cette opération.
L'intervention des forces de l'ordre a débuté vers 5 heures pour dégager l'accès à cet important dépôt de carburants situé près de Valenciennes. Environ 80 militants de la CGT et de Sud étaient encore présents mercredi matin, selon un photographe de l'AFP présent sur place qui a assisté à l'intervention.
Vers 6 heures, les pompiers étaient en train de dégager la route et éteignaient des feux de pneus. De très nombreuses stations services étaient vides dans les environs de Valenciennes, ce qui a poussé les gens à se rendre dans la proche Belgique pour faire le plein.
20 % des stations-service "en difficulté" d'approvisionnement
Mardi, la préfecture du Nord avait indiqué qu'environ un cinquième des stations services du département étaient à sec. Le même jour, le secrétaire d'État aux Transports Alain Vidalies, a également annoncé que 20 % des quelque 12 000 stations-service françaises étaient "en difficulté" d'approvisionnement. À l'Assemblée nationale, il a confirmé que le gouvernement garantirait "la liberté d'accès aux dépôts" pour desservir l'ensemble des stations-service.
Le conflit autour des sites pétroliers, au cœur de la contestation du projet de Loi travail, s'est durci mardi, avec une intervention policière musclée pour débloquer le site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). La CGT a condamné "un usage inacceptable de la violence" tandis que le Premier ministre Manuel Valls a réaffirmé qu'il n'y aurait "pas de retrait" du projet de Loi travail et que "d'autres sites [de raffinerie] seront libérés".
Trois TGV sur quatre en circulation
Six raffineries, sur les huit que compte le pays, sont à l'arrêt ou tournent au ralenti, particulièrement celles de Total. Les sites de Feyzin (Rhône) et Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime) sont ainsi totalement à l'arrêt, tandis que celui de Grandpuits (Seine-et-Marne) est en cours d'arrêt total, que "quelques unités" ne fonctionnent plus à Donges (Loire-Atlantique) et que La Mède (Bouches-du-Rhône) fonctionne toujours "en débit réduit".
Le conflit va encore s'amplifier mercredi et jeudi, avec une nouvelle grève à la SNCF, à l'appel de la CGT et de SUD, à la fois contre la Loi travail et pour peser sur les négociations en cours sur les conditions de travail des cheminots.
Avec AFP