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Obama confirme la mort du chef des Taliban afghans dans un raid américain

Le chef des Taliban afghans, le mollah Akhtar Mansour, a été tué par une frappe de drone américaine à la frontière pakistanaise, a confirmé lundi Barack Obama. Islamabad a dénoncé une "violation" de sa souveraineté.

Après Kaboul, Barack Obama a finalement confirmé, lundi 23 mai, la mort du chef des Taliban afghans, le mollah Akhtar Mansour. La veille, le Pentagone avait prudemment annoncé que l'homme avait "probablement" été tué dans une frappe aérienne au Pakistan. Une action que Islamabad qualifie de "violation" de sa souveraineté. Le ministère des Affaires étrangères pakistanais a précisé dans un communiqué que le Premier ministre, Nawaz Sharif, et son chef d'État major avaient été informés du raid après qu'il ait eu lieu.

Cette mort est "un jalon dans notre effort au long cours pour ramener paix et prospérité en Afghanistan", a estimé le président américain, dans un communiqué de la Maison Blanche publié lundi pendant sa visite au Vietnam. "Il [le mollah Mansour] était un obstacle à la paix et à la réconciliation entre le gouvernement d'Afghanistan et les Taliban, interdisant aux chefs talibans de participer aux négociations de paix avec le gouvernement afghan", avait indiqué la veille le porte-parole du Pentagone Peter Cook.

Akhtar Mansour blessé en 2015

Le bombardement a été mené par plusieurs drones des forces spéciales américaines dans une zone éloignée à la frontière de l'Afghanistan et du Pakistan, "au sud-ouest de la ville d'Ahmad Wal", située en territoire pakistanais, a précisé le responsable américain.

Les États-Unis ont informé le Pakistan et l'Afghanistan de leur frappe aérienne peu de temps après l'avoir effectuée, a indiqué un haut responsable de la Maison Blanche.

Le mollah Akhtar Mansour avait pris officiellement la tête des Taliban afghans en juillet 2015, prenant la succession du mollah Omar. En décembre 2015, des sources afghanes et pakistanaises avaient indiqué que le mollah Mansour avait été grièvement blessé voire tué dans une fusillade lors d'une réunion de cadres talibans qui aurait dégénéré au Pakistan. Sa mort avait été démentie par le mouvement islamiste.

Pour beaucoup, la stratégie offensive actuelle des Taliban était à mettre sur le compte du mollah, soucieux d'asseoir une autorité que lui contestent nombre de cadres, mécontents du processus ayant mené à sa désignation.

"Les Taliban ont tellement de chefs…"

Michael O'Hanlon, expert des questions militaires au prestigieux cercle de réflexion Brookings à Washington, s'est montré prudent sur les conséquences qu'aurait la mort du mollah pour le combat contre les Taliban. "Les Taliban ont tellement de chefs, et tellement de capacités de fonctionner localement, sans être dirigés par un échelon central, que nous serions bien avisés de limiter nos attentes" sur la mort du mollah. "Mais peut-être que cela peut modestement améliorer les perspectives d'un accord de paix", a-t-il indiqué dans un e-mail à l'AFP.

La frappe est intervenue alors que le gouvernement afghan est soumis à rude épreuve par les Taliban, qui ont effectué de nombreuses avancées dans le pays depuis l'arrêt de la mission de combat des États-Unis et de l'Otan fin 2014. Les Taliban avaient lancé mi-avril leur "offensive de printemps", marquée par un attentat particulièrement meurtrier en plein Kaboul fin avril.

Depuis la fin de la mission de combat de l'Otan en Afghanistan, les forces américaines n'ont plus théoriquement qu'un rôle de conseil et d'assistance auprès des forces afghanes. Certains combattants talibans ont d'ailleurs rejoint les rangs de factions dissidentes, et d'autres ceux du groupe État islamique, surtout implanté dans l'est de l'Afghanistan.

Le processus de paix entre Kaboul et les Taliban est moribond. Mais le Pakistan a accueilli mercredi dernier une nouvelle session de pourparlers internationaux, espérant le relancer.

Avec AFP