La polémique sur le vote des Français expatriés à la primaire de la droite, qui secoue l'opposition depuis plusieurs semaines, a mis en évidence d'importantes divergences concernant le fonctionnement du scrutin. Éléments d’explication.
"Pas besoin de s'énerver", a lancé Nicolas Sarkozy à Alain Juppé. Mardi 16 mai, l’ambiance est tendue lors du bureau politique Les Républicains (LR). Mais malgré tout, les candidats LR, remontés contre la décision de l’ex-chef d’État de remettre en cause le vote électronique pour les Français de l’étranger, ont tout de même décidé d’enterrer la hache de guerre. En apparence du moins. Car la polémique sur le vote des expatriés a mis en lumière des divergences plus profondes sur les règles du scrutin, prévu les 20 et 27 novembre 2016.
"Le vote des Français de l’étranger est anecdotique, s’indigne-t-on dans l’entourage de Bruno Lemaire. Le vrai problème, c’est que le bureau politique des Républicains fixe les règles du jeu pour tous les candidats de la droite et du centre". Si un compromis a effectivement été trouvé lors de ce dernier bureau politique, en panachant vote papier – pour les Français résidant dans les grandes métropoles – et vote numérique dans les contrées plus clairsemées ou dans les zones instables du globe, l’affaire ne cesse pourtant de chagriner les esprits des principaux candidats engagés dans la primaire.
"Le BP ne doit plus avoir à se prononcer"
Mobilisés pour les circonstances, Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet, ont tous souligné lors du bureau politique la nécessité d'accorder à la Haute autorité une pleine souveraineté sur les modalités du scrutin. Ils ont en outre demandé que cette instance indépendante, chargée du bon déroulement de la primaire, prenne l'ascendant sur le comité d'organisation de Thierry Solère, dont les décisions sont soumises au vote du bureau politique du parti LR présidé par Nicolas Sarkozy. "La Haute autorité doit reprendre la main pour garantir la totale sincérité du scrutin", a souligné Bruno Le Maire.
Dans l’entourage de l’ancien chef de l’État, on défend l’idée que la Haute autorité, qui dépend du Conseil constitutionnel, n’a pas vocation à organiser un scrutin. Les soutiens du patron LR rappellent également à l’envi que les changements ont été opérés conformément à la charte en vigueur.
"Il doit être clair que le BP ne doit plus avoir à se prononcer", a martelé de son côté François Fillon, peu convaincu par les arguments des sarkozystes. Un agacement que partage Nathalie Kosciusko-Morizet. "Je crois important qu'il soit dit que c'est la dernière modification substantielle" des règles du vote, "d'autant que ça n'est pas la première puisqu'on a durci les règles de parrainage. C'est un enjeu de crédibilité".
Vers de nouvelles modifications ?
Nicolas Sarkozy, qui a pour sa part défendu les prérogatives du bureau politique, ne s’est pas engagé à ne plus bousculer les règles du vote. "Ce serait dangereux de se lier les mains", a-t-il estimé en évoquant des situations exceptionnelles qui pourraient obliger à de nouvelles modifications, comme des attentats.
Sur le terrain, les petits candidats se sentent loin de ces préoccupations qui agitent les ténors de LR. "Depuis le début de la campagne, je relève que les choses ne se passent pas si mal, tempère Jacques Myard à France 24. De mon point de vue, les fédérations jouent la transparence et annoncent systématiquement ma venue dans mes rencontres avec les militants", relate le candidat des membres fondateurs de la Droite populaire, courant de l'aile droite de LR. Même son de cloche pour Jean-Frédéric Poisson. "Vu de ma fenêtre, les choses se passent conformément à la charte et je me garderai bien d’adresser quelque reproche que ce soit", consent-il à France 24.
En attendant, la Haute Autorité s’est engagée à veiller à ce que chaque électeur puisse prendre part au scrutin dans des conditions satisfaisantes. Les modalités de vote seront définitivement arrêtées d'ici au 15 juillet.