Une enquête pour corruption dans l'attribution des JO-2020 à Tokyo a été ouverte à Paris, a annoncé le parquet national financier. Cette enquête fait suite à la découverte de virements suspects sur un compte lié à un ex-membre du CIO.
Quelque 1,8 million d'euros versés sur le compte, à Singapour, du fils de l'ancien patron de l'athlétisme mondial et ex-membre du Comité international olympique, Lamine Diack, font peser un lourd soupçon sur la victoire de Tokyo pour l'organisation des Jeux de 2020.
"Le 24 décembre 2015, le parquet national financier a ouvert une information judiciaire" confiée à trois juges d'instruction, notamment pour corruption, blanchiment aggravé, participation à une association de malfaiteurs, a annoncé, jeudi 12 mai, le PNF dans un communiqué. But de l'enquête : "Vérifier si des faits de corruption et de blanchiment auraient été commis à l'occasion du processus de désignation de la ville organisatrice des Jeux olympiques 2020", a-t-il expliqué.
Deux mouvements financiers sous le libellé "Tokyo 2020 Olympic Game Bid"
L'existence d'investigations sur les JO de Tokyo était connue, mais le parquet a également confirmé les révélations du quotidien britannique The Guardian sur des flux financiers suspects venant accréditer les soupçons de corruption. Les interrogations portent sur deux "mouvements financiers qui seraient intervenus aux mois de juillet et d'octobre 2013, représentant un montant total de 2,8 millions de dollars singapouriens [1,8 million d'euros au taux actuel, NDLR], sous le libellé ‘Tokyo 2020 Olympic Game Bid’, en provenance d'un compte ouvert dans une banque japonaise, au profit de la société Black Tidings à Singapour", a détaillé le PNF dans son communiqué. Or la société Black Tidings est dirigée par un proche de Papa Massata Diack, le fils de Lamine Diack.
Une autre information judiciaire est déjà ouverte à Paris, sur l'implication de Lamine Diack, également ancien patron de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) dans un système présumé de corruption à partir de 2011 pour dissimuler des cas de dopages d'athlètes russes. C'est dans le cadre de cette première affaire que le virement connecté aux JO-2020 a été découvert.
Dans son communiqué, le PNF relève que les flux financiers en provenance du Japon vers Black Tidings sont intervenus "dans un temps proche de la désignation du Comité international olympique (CIO) de la ville organisatrice des Jeux olympiques 2020" et souligne "la constatation parallèle d'importants achats effectués à Paris et financés par ‘Black Tidings’".
L'influence de Lamine Diack sur le CIO
La candidature de Tokyo-2020 l'avait emporté en septembre 2013 sur celle d'Istanbul, au second tour du vote, par 60 voix contre 36. À l'époque, Lamine Diack était membre du CIO. "Toute la question est de savoir quelle influence il a pu avoir sur le vote d'autres membres du CIO", relève une source proche de l'enquête.
Le Japon, par la voix du porte-parole de son gouvernement, a réaffirmé jeudi que le processus de candidature avait "été réalisé de manière propre". Début mars, le président du CIO Thomas Bach avait affirmé qu'il n'existait "pas de preuve pour le moment" d'une telle corruption.
Avec AFP