
Qualifié en finale de la Ligue Europa aux dépens de Villareal, Liverpool a empêché la Liga de réaliser un carton plein (quatre clubs en finale des coupes d’Europe). Un événement qui ne masque toutefois pas l'ultra-domination du football espagnol.
C’est un petit événement qui s’est produit, jeudi 5 mai, dans le paysage footballistique européen. Pour la première fois de la saison, un club espagnol a été éliminé par un adversaire issu d’un autre championnat que la Liga. En s’imposant à domicile face à Villareal en demi-finale retour de la Ligue Europa (3-0), Liverpool a redonné un peu de baume au cœur à "l’autre football", celui pratiqué hors du championnat phare de la péninsule ibérique.
Un épiphénomène qui ne masque toutefois pas l’écrasante supériorité du football espagnol depuis plusieurs années. En Ligue des champions, le constat est sans appel : en 2016, la finale se jouera entre les deux principaux clubs de Madrid, l’Atletico et le Real, comme ce fut déjà le cas en 2014. Entre-temps, le FC Barcelone s’est lui aussi invité au palmarès de la prestigieuse C1, en 2015, décrochant alors son quatrième titre européen en dix ans.
Sur cette période, les clubs espagnols se sont adjugé la moitié des trophées mis en jeu au plus haut niveau européen. Cinq couronnes depuis 10 ans, c’est beaucoup plus que l’Angleterre (2, avec Chelsea en 2012 et Manchester United en 2008), l’Italie (2, avec l’Inter Milan en 2010 et l’AC Milan en 2007) ou encore l’Allemagne (une seule, celle du Bayern Munich en 2013).
Séville, en route pour un triplé historique ?
Mais si la suprématie espagnole saute aux yeux en C1, elle est également indiscutable à l’échelon inférieur, en Ligue Europa. La compétition bis de l’UEFA souffre d’une médiatisation en berne, mais continue de passionner les clubs de Liga.
Depuis 2004, sept des douze éditions qui se sont tenues ont été remportées par l’Espagne, et deux finales ont opposé des formations du championnat espagnol. Si la victoire de Valence en 2004 reste dans toutes les têtes en France – elle fut acquise face à l’Olympique de Marseille (2-0) – un club a su faire de cette C3 sa chasse gardée : le FC Séville.
En dix saisons, les Andalous l’ont emportée à quatre reprises (2006, 2007, 2014, 2015). En cas de succès le 18 mai prochain à Bâle face à Liverpool, ils pourraient même devenir le premier club à soulever le trophée à trois reprises consécutives. Seul le FC Valence, vainqueur en 1962, 1963 et finaliste en 1964, était passé aussi près d’un tel exploit.
La Liga, reine du "money-time"
"Le meilleur championnat du monde est en Angleterre, mais le meilleur football se joue en Espagne." Ce constat, implacable, est celui dressé par le Chilien Manuel Pellegrini, la veille de Real Madrid – Manchester City (1-0) en demi-finale retour de la Ligue des champions.
Au vu des chiffres, difficile de le contredire. Non contents d’être les plus représentés ces dix dernières années dans toutes les finales européennes (17 participations contre 11 pour l’Angleterre et 5 pour l’Allemagne), ils surclassent presque systématiquement leurs adversaires européens dans les matches couperets. Sur les 52 confrontations aller-retour de phase finale qui ont opposé des clubs de Liga à d’autres clubs européens ces dix dernières années, 48 ont été remportés par les représentants espagnols.
Une suprématie faite pour durer ? Plausible, car même si les clubs anglais vont bénéficier prochainement de la nouvelle manne dégagée par les derniers contrats de diffusion négociés par la Premier League, l’économie du football espagnol redresse également la tête. En 2015-16, les clubs pro de la LFP ont augmenté leurs revenus de 12,5 % depuis 2013-14 et la dette globale des clubs engagés en Liga et en Liga Adelande est revenue à 317 millions d'euros en septembre 2015 (650 millions d'euros en 2013).
Un passif appelé à se résorber dans les prochaines années, avec la renégociation des droits TV, qui pourraient être pratiquement doublés d'ici à cinq ans, selon les estimations les plus optimistes. De quoi atteindre l'équilibre financier d'ici 2019, prospecte-t-on dans les instances footballistiques espagnoles. Présomptueux, sans nul doute, mais tout de même révélateur d’une réelle tendance.