Avant de décrocher un sacre inattendu à la tête de Leicester en Premier League, Claudio Ranieri était depuis longtemps engoncé dans une image peu flatteuse d'éternel abonné aux places d'honneur. Une période désormais révolue. Portrait.
Il y a près d'un an, lorsqu'il avait signé à Leicester, Claudio Ranieri faisait déjà l'unanimité... contre lui ! À l'époque, tous les spécialistes gardaient en tête les quatre saisons du technicien italien en Angleterre, à Chelsea, au début des années 2000 : un passage vierge de titre qui avait préparé le terrain au succès de son vieux rival José Mourinho, sacré un an plus tard.
Ranieri de retour en Angleterre, personne ne pouvait l'imaginer. Quelques mois après son départ de Monaco, où il n'avait pas été prolongé malgré un bon bilan – un titre de L2 puis une 2e place en L1 derrière l'intouchable PSG – son aventure en Grèce n'augurait rien de bon pour la suite de sa riche carrière de coach. Il n'y était en effet resté que quatre mois, avant d'être viré sans ménagement le 15 novembre 2014, après une défaite en éliminatoires de l'Euro-2016 à domicile face aux Îles Féroé (0-1).
Bref, son atterrissage le 13 juillet 2015 à Leicester avait tout d'un pari hasardeux, d'autant qu'il y remplaçait Nigel Pearson, propulsé héros de la fin de saison précédente en arrachant un improbable maintien.
"Un mec sympa, mais..."
"Claudio Ranieri, vraiment ?", s'était alors moqué l'icône de Leicester, Gary Lineker, à l'annonce de la nomination de l'entraîneur italien. "Ranieri a clairement de l'expérience mais c'est un choix qui manque d'inspiration", avait ajouté le natif de Leicester et ex-meilleur buteur anglais du Mondial-86. Un point de vue alors partagé par beaucoup, à l'image de l'entraîneur Harry Redknapp : "C'est un mec sympa mais après ce qu'il s'est passé en Grèce, je suis surpris qu'il revienne en Premier League".
Et pourtant... Dix mois plus tard, le débonnaire italien a déjoué tous les pronostics et offert à Leicester son premier titre en 132 années d'existence. Surnommé "Le Bricoleur" en Angleterre car il changeait en permanence l'équipe de Chelsea, Ranieri n'a pas traîné à se faire adopter par les Foxes, séduits par son côté tranquille et son ouverture d'esprit, alors qu'ils craignaient un tyran italien intraitable sur la tactique.
Dernier défi ?
À mi-chemin entre le papy sympa et le doux mentor, l'ancien défenseur de devoir s'est rendu célèbre dans les Midlands en offrant des pizzas à ses joueurs après le premier match sans but encaissé, et, malgré un visage sec et des lunettes sévères, il materne un effectif auquel il accorde systématiquement deux jours de congés hebdomadaires.
Protecteur, il a aussi eu l'intelligence de ne jamais mettre de pression superflue sur ses joueurs, y compris lorsque le titre se dessinait de plus en plus nettement. Sans oublier ses qualités de tacticien, qui, après avoir bénéficié à Monaco ou la Fiorentina (1993-97), ont fait de Leicester l'une des meilleures équipes continentales de contres.
"Je suis bien à Leicester, je ne pense pas bouger. Je pense que ce sera mon dernier club et j'espère qu'ils me donneront un contrat long de six ou sept saisons de plus avant que je ne me retire", déclarait Claudio Ranieri en mars dernier, alors que son bail initial court déjà jusqu'en 2019. Une chose est sûre : Ranieri, après 28 saisons passées sur 14 bancs différents, semble enfin avoir trouvé sa place.
1 Championnat de Serie C1 – 1988-89 (Cagliari)
1 Coupe de Serie C – 1988-89 (Cagliari)
1 Championnat de Serie B – 1993-94 (Fiorentina)
1 Coupe d'Italie – 1995-96 (Fiorentina)
1 Supercoupe d'Italie – 1996 (Fiorentina)
1 Coupe Intertoto – 1998 (Valence)
1 Coupe d'Espagne – 1998-99 (Valence)
1 Supercoupe d'Europe – 2004 (Valence)
1 Championnat de D2 française – 2012-13 (Monaco)
1 Championnat d'Angleterre - 2015-16 (Leicester)
Avec AFP