Un Allemand est jugé depuis mardi en Allemagne pour "crime de guerre" en Syrie. Aria Ladjedvardi avait été identifié sur une photo postée sur Facebook en 2014, sur laquelle il pose devant deux têtes plantées sur des piques.
C’est une photo, prise en Syrie en 2014 et postée sur Facebook, sur laquelle Aria Ladjevardi apparaît posant avec deux autres hommes non identifiés devant deux têtes d’hommes plantées sur des piques, qui l’a mené au tribunal.
Interpellé en octobre 2015 dans la région de Francfort et soupçonné de lien avec des jihadistes, cet Allemand de 21 ans est accusé d’avoir commis un crime de guerre en Syrie, dans la province d’Idleb (nord-ouest). Son procès, qui constitue une première outre-Rhin, où une dizaine de procédures pénales ont récemment été ouvertes pour des cas d’exactions commises en Syrie et en Irak, s’est ouvert mercredi 3 mai devant la chambre criminelle de la cour d'appel de Francfort. Le jeune homme risque une peine d’un an de prison minimum.
Le parquet fédéral allemand accuse Aria Ladjevardi d'avoir utilisé cette mise en scène macabre pour ridiculiser les victimes, dont l’identité et l’affiliation dans le conflit syrien n’ont pas été établies par la justice allemande, et de rabaisser ceux qu’ils considéraient comme des "infidèles" après leur mort.
Une version des faits que rejette le jeune homme d’origine iranienne, qui assure de son côté avoir posé avec les victimes décapitées sous la contrainte. "Je ne voulais pas être là-dessus" et "je n'aurais jamais imaginé" que les photos seraient ensuite publiées sur les réseaux sociaux, a-t-il indiqué lors de l'audience inaugurale.
L’accusé rejette en bloc les accusations du parquet
Pour justifier sa présence sur le cliché incriminant, Aria Ladjedvardi raconte qu’un enfant aurait averti, dans le village de la province d'Idleb où il se trouvait, de la présence des deux têtes, plantées sur des piques dans une cour d'école. Un attroupement se serait ainsi formé, où plusieurs personnes se prenaient en photo avec les victimes. Quant à lui, seul étranger du groupe selon ses dires, il aurait été forcé à prendre la pose. "Nous sommes dans une zone en guerre (...) J'ai fait ce que la situation exigeait", s'est-il défendu.
De plus, l’accusé nie mordicus avoir rejoint les rangs d’une organisation jihadiste en Syrie, mais avoue néanmoins s'être initié au maniement des armes sur place. Un récit sur lequel les juges ont, là aussi, exprimé des doutes, sans pour autant établir avec quel groupe l'accusé s'était entraîné. Aria Ladjedvardi a précisé s’être rendu en Syrie au printemps 2014 pour des raisons humanitaires. Une stratégie de défense fréquemment utilisée par des jihadistes présumés, de retour dans leur pays d’origine.
Pour se rendre en Syrie, il a expliqué avoir pris contact via les réseaux sociaux avec une connaissance installée sur place, qui a facilité son voyage. Or les débats de mardi se sont justement centrés sur le profil de l’hôte de l'accusé en Syrie, qui aurait combattu avec l’organisation de l’État islamique, ainsi qu’au sein d'autres groupes armés.
Avant son départ, Aria Ladjedvardi s'était intéressé "de plus en plus" à la religion, et avait commencé "à changer", a-t-il raconté. Il a affirmé que le sport et l’islam l'avait poussé à se reprendre en main, après une jeunesse difficile jalonnée par l'alcool, le cannabis et les délits.
Avec AFP